C'est pénible de devoir défoncer un objet qui semble avoir été fait avec honnêteté et passion, malgré les contraintes du manque de moyens. Turbo Kid est une adaptation étendue d'un court métrage déjà bien mauvais. Univers recyclé, scénario stérile, personnages clichés qu'on a déjà vu mille fois (le héros est un geek clone de Scott Pilgrim, on ne nous l'avait jamais fait) et le vintage des BMX est sensé créer le petit côté rétro vintage qui ne prend pas une seule minute à moins qu'on soit déjà convaincu en entrant dans la salle. C'est finalement là qu'est le coeur du problème : Turbo kid n'est conçu que pour des fans déjà acquis, et il applique une recette déjà bien connue des fans peu exigeants : le melting pot d'influences. On prend des tas de références (ici des années 80) qui nous apportent leur valeur (car elles, elles ont bossé pour l'obtenir) et on fait un objet au "second degré" pour "assumer" la misère et la vulgarité de la mise en scène en justifiant une prétention et un cynisme bien surgonflés pour faire "bad ass".
Ce cinéma est creux, vide, artificiel. Il remplit la même fonction que Camping 2 ou Les vacances de Ducobu, dans le rayon geek amateurs de jeux vidéos et internautes vintages (car de tels projets peuvent maintenant se développer via le crowdfunding (le film de noob, le film de Benzaie...). Basiquement, c'est du simple fan service pour cette culture, qu'il déssert cependant par son amateurisme et sa vulgarité de tous les instants, incapable d'insuffler une simple idée originale, alors faisons des blagues badass et du gore bien moche pour faire du second degré hypocrite et cacher la misère. Voir Michael Ironside cabotiner dans cette purge a à la fois quelque chose d'attachant et de triste, car si on le retrouve dans une carrure évoquant ses anciens rôles (inoubliable dans Starship troopers ou Total recall), le voir réduit à se ridiculiser dans un rôle auquel il n'apporte aucun charisme nous rappelle combien c'était mieux avant. Rien ne vient sauver le film du naufrage, le seul point que j'accorde est pour l'armure du garde du corps du méchant, hybride entre un predator et un joueur de soccer plutôt rigolo. Tout le reste est assommant et vulgaire, et me rappelle pourquoi j'ai laissé tomber la saga Le visiteur du futur qui commençait lui aussi à se prendre trop au sérieux.