Une intrigue majestueusement exploitée.
James Gray offre sur two lovers un scénario à plusieurs niveaux, qui, de prime abord, peut sembler relativement simple - Une femme aime un homme qui aime une autre femme qui elle aime encore un autre homme - mais qui recèle en réalité une trame beaucoup plus complexe, à l'image de ses personnages.
En effet, tous les protagonistes semblent constamment suspendus dans le vide, sur un fil qui menace de se rompre à chaque instant. Oscillants tous entre névrose & passion, mal et bien, vice et vertu, fuite et affrontement, chacun dans leur solitude et délire, ils tournent en rond dans leur propre vie.
Gray dépeint diverses choses à travers les choix et comportements de ses protagonistes, avec, en premier plan, le quotidien d'une famille bourgeoise, sans problème apparent, dont le fils est en réalité dépressif et sous traitement; et les mésaventures classiques d'une jolie blonde souriante et pleine de vie, mésaventures qui se révèlent, peu à peu, n'être que la face cachée de l'iceberg, d'une jeune femme droguée et en profonde détresse.
Un film aux allures d'opéra, avec des personnages qui vont et et viennent, entre et sortent, avancent puis reculent, referment les portes du passé pour finalement les rouvrir. Comme pris dans une boîte secouée dans tous les sens, ils ne cessent de changer de bord et d'avis, pour finalement revenir sur leurs pas, la où tout à commencé.
Une intrigue en somme majestueusement exploitée, sous tous les angles, passant du possible à l'impossible en quelques minutes et entraînant avec elle le spectateur, spectateur qui se voit débouté chaque fois qu'il pense connaître le fin mot de l'histoire.
Une réalisation discrète, sans gros plans outrageants, avec quelques plans-séquences poignants et ingénieusement utilisés, qui ne font que servir l'action et augmenter son réalisme.
Une BO elle aussi minimaliste et sensationnelle, quelques notes de piano dramatiques mais sobres, qui n'emplissent jamais l'espace et n'ont jamais pour but d'indiquer au spectateur les moments larmoyants.
Une fin presque inattendue, qui ne boucle pas le film là oú on l'attendait, - à savoir au fond de l'eau avec Joaquin Phénix qui s'y est jeté pour noyer ses souffrances - mais sur un terrain plus sain avec un personnage principal se résigne à fermer la porte du passé pour douloureusement ouvrir celle du futur.
Une vraie fin donc, peut-être pas la plus désirée tout au long, mais néanmoins la plus censée, la plus crédible.
Un film dont on pourrait en résumé débattre des heures, mais qu'avant toute chose, il ne faut pas louper.
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