Par Vincent Malausa
Un nouveau James Gray un an après La Nuit nous appartient ? Ce n'est qu'une demi-surprise : on a un peu trop vite défini le wonderboy new-yorkais comme un nouveau Terrence Malick, et depuis qu'il s'est extirpé des maléfices d'Harvey Weinstein (cinq ans entre ses deux premiers films, sept entre The Yards et La Nuit nous appartient), Gray s'est visiblement pris au plaisir de tourner vite et bien. Two lovers surprend plutôt par le genre abordé (a priori une petite comédie romantique) et son pitch à la simplicité confondante : un homme voit son train-train familial - et la femme qu'on lui propose en bonus sur un plateau - bouleversé par l'arrivée d'une charmante voisine. Dès les premiers plans, quelque chose résiste à l'appel de la normalité qui semble guider l'irascible cinéaste depuis le succès de La Nuit nous appartient, et l'on sent bien que le plus beau film de l'année se dessine sous des airs de parenthèse un peu nonchalante. La présence d'un univers archi-signé (scènes de famille dans un petit appartement peuplé de figures familières) et de Joaquin Phoenix ne sont qu'un leurre autour duquel va s'enrouler tout le film. La bizarrerie du comportement de Leonard / Phoenix (attardé mental ou amoureux déchu, les premières scènes sont phénoménales), autant que la vitesse avec laquelle l'intrigue se met en place, ouvrent une poche d'étrangeté qui ne lâchera bientôt plus un récit empruntant malicieusement à Hitchcock (Sueurs froides et Fenêtre sur cour) pour déboucher sur le plus lancinant des ovnis. (...)
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