Dernier film de James Gray, et je vous le dis d'avance, il me tient énormément à coeur. Il s'agit probablement d'une des oeuvres les plus abouties sur l'amour. Je vais tâcher de vous expliquer pourquoi, surtout mon ressenti. Car à mon sens, Gray va développer toutes les formes d'amour possibles entre adultes.
Premièrement, je vais quand même toucher un mot sur ce trio d'acteurs qui est incroyable. Joaquin Phoenix, est toujours aussi charismatique, littéralement porté par son rôle. Gwyneth Paltrow est naturelle comme jamais. Et Vinessa Shaw, qui est une réelle découverte pour moi, apparaît assez peu à l'écran au final mais quand elle est là... Elle est bouleversante. Ce serait dommage d'oublier les seconds rôles comme Rossellini (parfaite, comme à son habitude) ou encore Elias Koteas et Moni Moshonov.
On va suivre durant près de deux heures les pérégrinations amoureuses de Leonard (Joaquin Phoenix). Petit à petit, le téléspectateur va se fondre dans le personnage. Ressentir les différentes émotions qui traversent le jeune homme, travaillant pour l'entreprise familiale. L'amour parents - enfant va d'abord être évoqué. Leonard est une sorte de teenager dans le corps d'une personne de plus de trente ans. Il vit chez ses parents. Ils surveillent encore ses sorties. Il se remet également très difficilement d'une ancienne relation. Ensuite, il va devoir faire le choix de la raison ou celui de la passion. Là aussi, différentes formes d'amour vont être abordées. La relation entre Leonard et ses parents est donc celle d'un enfant envers des adultes responsables. Chose que l'homme n'est pas encore. Un personnage assez partagé dans ses émotions puisqu'il assume totalement son ancienne relation, bien qu'elle l'ait ébranlée, le travail pour ses parents. Sauf que son côté ado va rentrer en conflit avec celui de l'adulte. La notion de famille est donc une fois de plus évoquée chez Gray. Une tradition pour ce cinéaste qui en a fait un de ses thème de prédilection. Il y a l'amour d'une mère, d'un père, le fait que Leonard doive se faire accepter par sa belle-famille, etc. Tout est abordé de ce côté.
Il y a l'arrivée de Sandra (Vinessa Shaw), superbe femme plus jeune que lui, qui croisa une fois Leonard au travail et qui demande à ses parents un dîner dans la famille de Leonard. La rencontre se fait. Sandra lui avoue ses sentiments. Elle est belle, intelligente et directement amoureuse. C'est une jeune femme qui attend alors beaucoup de l'homme. Elle espère que ses attentes trouveront réponse. Et puis débarque Michelle (Gwyneth Paltrow), jeune secrétaire d'avocat, blonde, jolie mais déjà amoureuse d'un homme marié. Un trio amoureux se forme. Un amour d'adultes entre Sandra et Leonard mais avec, pour ce dernier, la sensation que ce n'est pas la bonne. Une amourette qui semble plus être une que connaissent les adolescents mais qui se terminera tragiquement pour Leonard avec Michelle. Enfin, il y a cet amour d'adultère, entre l'avocat (Elias Koteas) et Michelle. Tout est abordé par James Gray. Très souvent de manière très fine, en étant très proche des personnages. Il est très difficile d'évoquer ce film avec des mots tant je pense qu'il est important de le découvrir avec les yeux. De le ressentir...
L'amour charnel est aussi traité. De manière très fine, sans lourdeur. Avec envie et passion parfois. De manière plus traditionnelle une autre fois. Parfois, c'est fait à la volée. La mise en scène se montre très intime, comme les rapports qu'ont entre eux chacun des personnages. Elle l'est déjà le reste du film mais elle l'est encore plus lors des relations sexuelles, montrées avec sobriété.
La mise en scène apporte toujours un plus à la narration. Leonard est titubant au début, la caméra se fait alors plus tremblante par exemple. Elle est parfois subjective. Mais on sent que Gray soigne sa réalisation. Il se dégage du film une ambiance très étrange, spéciale. Mais elle marque les esprits.
La fin de Two Lovers peut également être perçue de plusieurs manières. Certains y voient une fin dramatique, négative qui est celle d'un amour qui sera voué à l'échec. D'autres au contraire y verront un nouveau départ, une forme d'espoir car Leonard ne dit-il pas à Michelle, alors qu'elle pense encore à son amant, de lui laisser le temps et qu'elle apprendra à l'aimer comme lui l'aime. Cette phrase ne peut-elle pas être dite dans le sens inverse, celle d'une Sandra qui dit cela à Leonard. C'est une oeuvre ouverte, qui laisse libre court à l'interprétation du téléspectateur. Et c'est ce qui la rend à la fois belle et tragique... Comme l'amour.
batman1985
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le 6 mai 2011

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