Évacuons d'emblée les quelques points noirs qui m'ont fait tiquer.
A savoir la petite touche de trauma habituelle qui me gêne un peu... je ne vois toujours pas ce que ça apporte, j'aurais bien aimé qu'Hemsworth soit juste un mec aux grosses balloches drogué au dessoudage de mâchoires.
Ainsi que quelques acteurs un peu justes : le gamin notamment ne m'a pas spécialement convaincu, Golshifteh Farahani apporte un atout charme indéniable mais ne me paraît pas forcément être à sa place tout le temps, tout comme le shérif pataud de Stranger Things, lequel n'est sans doute pas aidé parce qu'il sert à mon sens le seul passage un peu branlant du film, une sorte de pause syndicale qui meuble du temps d'antenne histoire de laisser quelques vessies se délester tranquillement sans avoir peur de manquer quelque chose d'important.
Pour le reste par contre, si tant est que vous lancez Tyler Rake dans le but d'assister à de l'exécution massive, et bien vous en aurez pour votre pognon. En bon vieux grincheux qui ne tient plus la distance, sur la fin j'étais un peu fatigué par tant d'énergie, mais loin de moi l'idée de reprocher à Sam Hargrave d'avoir été si généreux. Et puis surtout, une séquence dingue m'a brûlé les rétines alors que je n'attendais rien de spécial de cette bobine marquée de l'écurie Netflix... il y avait un bail que je n'avais pas autant été bluffé par une quelconque prouesse technique. N'y allons pas par 4 chemins : à elle seule elle vaut la découverte du film, la maestria à l'oeuvre inspire une tonne de respect, d'autant plus que contrairement à 1917 qui faisait de son parti-pris technique un argument marketing forcé, ici le choix de jouer du plan séquence donne le sentiment d'être totalement légitime.
En bref, Tyler Rake est un film d'action pur jus, une sorte de mix 90's à l'ancienne et de la créatine HK. Exténuant parce qu'il offre peu de répit, mais revigorant dans le sens où il se fait une place au forceps dans le cinéma de genre qui s'assume : Hargrave livre sans retenue de l'action brute de décoffrage tout en soignant le moindre de ses plans, en témoigne par exemple la petite minute vengeresse de la fin portée par la beauté froide de Golshifteh Farahani, laquelle y trouve enfin le charisme que je lui trouvais défaillant dans le reste du film. Contrairement à Chris Hemsworth qui lui est une révélation violente dans ce type de rôle, un vrai roc massif de classe pure : physiquement il impressionne et s'impose clairement comme la relève du film dopé à la testostérone.
Au final, une belle surprise que ce treck impitoyable au pays des vaches sacrées, il ne lui fallait qu'un peu plus d'épure pour être totalement à mon goût, mais ça ne l'empêche pas d'être un sacré morceau de cinoche. Damn.