Il arrive qu’un réalisateur décide juste de s’amuser l’espace d’un film, parce qu’il n’a plus d’idées ou parce qu’il en a juste envie. Steven Soderbergh l’a fait avec Full Frontal. Oliver Stone l’a fait avec U-Turn.
Après une carrière passée à faire des films d’horreur ou des films politiquement très engagés, Oliver Stone s’est retrouvé à la tête d’un petit film noir écrit par John Ridley, d’après son roman Stray Dogs. Et on peut penser qu’il s’est bien amusé à réaliser cette histoire de truand coincé dans une ville sale de l’Arizona, avec des femmes fatales, des tarés consanguins, des businessmen véreux et des fans d’Elvis Presley dégénérés. Personne n’y est sympathique, personne ne mérite la pitié, tous les personnages sont des raclures hilarantes et débiles, qui font tous les mauvais choix possibles, dans une ville poisseuse et poussiéreuse avec une bande-son absolument parfaite d’Ennio Morricone, qui détonne bien avec le nihilisme de l’entreprise.
En plus d’être noir à souhait, U-Turn est un film aussi hilarant qu’imprévisible. Les personnages méritent ce qui leur arrive et le spectateur ne peut que rire aux éclats devant les personnages de Joaquin Phoenix, excellent, ou de Billy Bob Thornton, exceptionnellement machiavélique. Avec cela, Oliver Stone réalise le film de manière particulièrement expérimentale, avec des jump cuts, des inserts, des passages en noir & blanc, bref, la panoplie complète de ce qu’on l’a vu faire avec des films comme Natural Born Killers. Sauf qu’en l’absence de message à faire passer, tout y est pour rire. Et ça marche beaucoup mieux.
U-Turn est une récréation bienvenue dans la filmographie d’Oliver Stone et la preuve pure et simple que c’est un très grand réalisateur capable de très grands films, même quand il n’a rien à dire.