"Repressing of fear is like trying to hold down the lid of a boiling kettle. Something's got to ...

... give eventually."


Les codes du thriller politique ont manifestement beaucoup évolué au fil des décennies, et Seven Days to Noon déploie sa menace dans un espace qui pourra paraître très restreint, avec le recul. C'est un film extrêmement parcimonieux dans sa mise en scène, mais dont la portée, sans pouvoir prétendre rivaliser avec les plus grands thrillers paranoïaques américains des années 70, parvient tout de même à surprendre par son âpreté. L'idée à la base de toute l'intrigue est pourtant condensée en un micro-événement, qui prendra des dimensions immenses : un scientifique britannique s'enfuit avec une bombe nucléaire dans une valise, et pose un ultimatum très simple au premier ministre. Si le gouvernement n'annonce pas un arrêt total des recherches en matière de bombe atomique d'ici une semaine, il fera péter tout le centre de Londres.


Ce qui ravira les uns et agacera les autres, c'est que toute la tension dans Ultimatum est construite à partir du quotidien dans la ville, une fois énoncé le postulat précédent. D'un côté Scotland Yard qui tente vainement de localiser le savant fou, essentiellement à base de campagne d'affichage sur tous les supports pouvant recevoir une affiche collée, et en opposition les pérégrinations dudit scientifique, passant d'un bed and breakfast à un autre, en éveillant plus ou moins les soupçons — on imagine qu'un type pareil peut se révéler flippant sous certains abords. Certains seconds rôles ne sont pas franchement à la hauteur, comme la fille du professeur ou encore un homme impliqué dans l'enquête, mais cela n'empêche pas John et Roy Boulting de développer un suspense assez lourd dans les rues de Londres.


C'est d'ailleurs la principale caractéristique, le tumulte grandissant dans les rues de la capitale, sur laquelle plane une menace de destruction nucléaire qui conduira dans les derniers jours à l'évacuation totale du centre-ville — habitations, musée, hôpitaux, etc. L'atmosphère restera tendue pendant longtemps une fois le compte à rebours enclenché, avec pour apogée l'instauration de la loi martiale et les rues désertes sillonnées par les militaires. Un thriller efficace, malgré certains symboles un peu lourds, comme cette image d'un homme souhaitant œuvrer pour la paix en faisant réaliser la dangerosité de la prolifération nucléaire (dans la lignée des commentaires d'Einstein à ce sujet) à l'aide d'un petit cas pratique devant l'autel d'une cathédrale londonienne.


https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Ultimatum-de-John-Boulting-et-Roy-Boulting-1950

Morrinson
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le 10 août 2023

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