Voilà un film qu’il faut revoir plusieurs fois, pour parvenir à saisir ce qu’on nous montre, on a là un travail fascinant et énigmatique, mais pas facile à interpréter.
C’est sympathique, j’ai apprécié de le voir plusieurs fois pour mieux saisir ce qui se passe, mais l’image animée est ici moins pertinente et performante que l’image fixe, qui permet de poser le regard, de laisser sa réflexion avancer à son rythme, qui permet plus facilement des retours en arrière. C’est l’un des inconvénients de l’image animée, on est passif, tandis qu’avec des images fixes, même organisées dans le cadre d’une bande dessinée, on peut choisir le rythme, on peut s’arrêter, on peut même changer le chemin, faire de nombreux aller-retour, de façon aisée (voir par exemple l’excellent 3 ‘‘ de Marc-Antoine Mathieu que je recommande chaudement).
Ici, le film est un peu organisé comme un ruban de Möbius, avec une sorte de boucle temporelle : si on revoit le film plusieurs fois, on perçoit un peu le mythe de Sisyphe, une quête, l’impression d’arriver en haut, puis de voir le rocher qui retombe, un éternel recommencement. Différents thèmes peuvent être entrevus ici : le rêve, le désir, la naissance, le corps et l’esprit, mais aussi la concurrence ou le phénomène viral dans lequel on est un peu malgré soi emporté.
Bref, si le cœur de la réflexion philosophique proposée dans le film m’échappe un peu, celui-ci est tout à fait sympathique, avec un graphisme simple et une musique sobre mais pertinente.