Umezu Kazuo no Noroi
6.1
Umezu Kazuo no Noroi

Moyen-métrage d'animation de Kazuo Umezu (1990)

Mitigé ! Quelques bonnes choses, mais la magie n'opère pas !

Il s'agit de deux épisodes d'OAV qui se suivent en 44 minutes. Il y a donc une musique et en fait un générique de fin qui sépare le premier épisode du second. Il y a une liaison artificielle entre les deux épisodes dans la mesure où les deux principales héroïnes du second épisode parlent du premier épisode comme d'une chose qu'elle vienne de voir sur une cassette vidéo. Le tout est précédé d'un prologue et suivi d'un épilogue. Dans le prologue, un démon entre deux chaînes d'une sorte de balançoire nous rappelle une règle importante de ne pas jouer avec le surnaturel. Son texte est interrompu avec la voix qui baisse pour laisser place au premier épisode, ce qui était plutôt bien.
Le premier épisode, c'est l'histoire d'une élève qui voit arriver dans sa classe une nouvelle élève très belle. Les autres élèves ont des têtes ébahies, un qui bave est repris par le professeur et c'est l'occasion d'étaler une galerie de portraits d'élèves aux visages bien caricaturaux, bien grossiers. Mais notre héroïne principale, elle, elle regarde la nouvelle venue horrifiée.
Le mystère s'installe ainsi et on a de bonnes techniques classiques des films d'horreur avec le motif de la fenêtre comme un lieu de passage, avec aussi les échanges de regards entre personnages, ce qui se double d'un truc plus subtil. La nouvelle élève est dans la classe, interrogée par ses nouveaux camarades, elle se tourne sur le côté et croit-on dans la direction de l'héroïne horrifiée qui en réalité n'est pas dans la classe, mais on a une super liaison, puisque nous passons du visage qui nous fixe de la nouvelle au visage couché car allongé sur le lit de l'infirmerie de notre héroïne qui tire de grands yeux encore sous l'émotion, comme si elle voyait justement la nouvelle. Avec tout ça, on est dans la conviction qu'on va avoir du très bon et cette impression va se maintenir encore un peu.
Je vais commenter le reste du premier épisode et ce qui pour moi pose problème sous couvert d'un spoiler. Je ne peux même pas en parler indirectement sans trop en dire, donc on passe en mode "spoiler", puis je parlerai du second épisode.


Nous sommes donc dans une histoire vampirique. Chaque nuit, notre héroïne semble être visitée par un démon dans son rêve, et quand elle se réveille la fenêtre est ouverte et elle a une blessure au cou le premier jour qui se rouvre, voire saigne les jours suivants. De fausses pistes sont lancées. Mais, il s'agit en réalité d'une intrigue à retournement. Celle qu'on croit la victime du vampire est en fait elle-même le vampire. Le premier indice, c'est que les élèves disent qu'elle est jalouse de la beauté de la nouvelle, ce qui, tout de même, ne se voit pas, heureusement qu'on nous le dit. Une fausse piste, c'est quand l'héroïne se rend involontairement devant la maison de la nouvelle et dit qu'elle connaît cette maison. On peut croire qu'elle a un lien avec cette maison dans son passé, mais c'est un lien bien plus récent depuis que les attaques vampiriques ont commencé, ce que nous pourrons comprendre ensuite. En même temps, un gros indice nous est livré. Le lendemain de la première nuit de drame, la jolie nouvelle est absente pour maladie. Ce serait elle qui n'irait pas bien et un peu après on la voit être évacuée par une ambulance, tandis que notre héroïne est venue observer de loin. Elle se fait le film qu'elle est pâle parce que c'est un vampire, mais j'ai trouvé cela maladroit car c'est nous inviter à considérer qu'en réalité cette femme est une victime et pas un vampire, et de là à penser que c'est l'héroïne la vampire il n'y a qu'un pas.
Evidemment, pour nous empêcher d'envisager qu'elle soit le vampire, il y a sa marque au cou, mais bon il ne faut pas être bien savant pour soupçonner que c'est un leurre pour le spectateur qui aura son explication à la fin. Notre héroïne se fait alors aider par un ami, et c'est là que pour moi le premier épisode part en vrille. Le gars installe une caméra pour filmer la prochaine nuit de l'héroïne qui sait que chaque nuit il s'est passé quelque chose. Déjà, une cassette vidéo, ça dure quoi trois ou quatre heures à tout casser. Mais bon, passons ! Ensuite, c'est un peu maladroit. Imaginez dans la réalité l'action. Une fille est persuadée d'être agressée chaque nuit par un monstre et elle a une marque au cou en effet qui se ravive chaque matin. On a installé une caméra pour filmer ce qui va se passer : elle est entre la peur qu'il se passe quelque chose et le désir qu'il se passe quelque chose pour en témoigner. Psychologiquement, cette situation est intenable, ça ne peut pas arriver.
Pire, la fille décide de ne pas tout dire à sa mère, ni à son grand-père, à son réveil elle exclut sa mère pour regarder la vidéo, ça pose de gros problèmes de crédibilité.
Et ça continue ! Le gars dit qu'il va regarder la vidéo et elle détourne la tête pour ne pas regarder. Elle entend les cris de la vidéo, mais aussi les cris de terreur de son ami, et elle reste le dos tourné. Moi, ça me sort clairement de l'impression horrifique, c'est du n'importe quoi ! Certes, la justification vient après coup, elle voulait ne pas voir qu'elle était elle-même le monstre, mais ça se devine sur le coup aisément et ça reste pas crédible, bricolé !
Ensuite, le gars se relève, sort au plus vite en conseillant à la fille de regarder elle-même. C'est un indice discret que la fille est elle-même le monstre, mais c'est mal conçu, car pour ne pas que le spectateur capte trop vite le personnage sort de la pièce trop naturellement, il a été horrifié par une vidéo mais pas par la fille dans son dos.
Et évidemment à la vision de la vidéo la fille comprend qu'elle est le démon et que sa blessure est la bouche du démon. Et elle sort chaque nuit, et on comprend pourquoi il est question d'une grande vitre, celle de la belle maison de la nouvelle élève, et pas la petite fenêtre de la chambre de l'héroïne dans ses rêves. C'est elle qui vampirise la nouvelle élève, et cette nuit pendant que ça filmait le garçon était au chevet de la nouvelle avec un autre adulte pour la protéger. Et tout cela l'héroïne s'en rappelle une fois qu'elle voit sur la vidéo qu'elle est le monstre. Mais, du coup, on en a une nouvelle couche dans l'anomalie, car il faut supposer qu'après cette nuit le garçon agressé par le monstre et qui soupçonne que c'est bien Masami est venu dans la chambre seul avec elle pour voir la vidéo, sans précautions et sans autres adultes, alors qu'il menait l'enquête et qu'il n'était pas seul auprès de la jolie victime durant la nuit. Masami tue le garçon en le jetant d'une fenêtre du troisième étage, je ne sais pas où, à l'école peut-être, la caméra est détruite avec. Et ça s'arrête là, mais moi il y a quelques minutes que je n'étais plus intéressé par ce que je voyais. C'était mal mis en scène, mal amené, j'étais déçu.


Passons au second épisode. Il se met fort lentement en place. Il s'agit de deux filles, l'une étant invitée à passer la nuit chez l'autre, qui viennent de regarder un film d'horreur. La fille qui accueille adore ça, et l'autre subit. Puis, elle décide d'aller visiter une maison qu'on considère hantée. Celle qui a peur refuse catégoriquement, puis plie. Devant le manoir hanté, deux filles apparaissent avec le gag en passant de celle qui fait "Coucou ! Qui est là ?" en mettant ses mains sur les yeux de celle qui a peur. La rencontre des deux filles est un peu bidon. "Que faites-vous là ? Oh tiens ! joignez-vous à nous !" On passe à un groupe de quatre filles. Cela n'a aucun intérêt scénaristique et surtout quand elles entrent dans le manoir hanté ben il y a déjà plusieurs minutes de l'épisode qui sont consommées, il reste moins de quinze minutes, treize même pour avoir un récit horrifique, sachant qu'il y aura plus d'une minute de générique de fin.
Les filles entrent dans le parc, on a du classique, la fausse peur pour un chat, etc. La fouille commence, la fille qui a peur fait quand même coucou à une souris dans un grenier... La visite c'est encore quelques minutes.
Je raconte la fin sous "spoiler".


Puis, soudain, dans une pièce, la fille qui a peur met sa main dans une boîte à musique et ne regarde pas sa main, on comprend qu'il va se passer quelque chose, ça ne loupe pas, du sang gicle de la boîte à musique, mais aussi d'un ours en peluche et des murs. Là, il y a pour moi une maladresse de narration, car ça s'arrête comme si tout cela était faux, les filles ont une attitude normale, continuent leur fouille et notre héroïne qui vient de vivre un cauchemar a l'air de les suivre comme si de rien n'était. Là, les quatre filles voient une poupée inquiétante, soulèvent les vêtements et voient qu'elle a plein de sang, un spectre apparaît et la fille qui aime les films d'horreur a le courage de lancer un jouet vers le spectre. Le problème, c'est qu'outre le contrôle de soi des quatre filles qui ne va pas avec l'apparition du surnaturel, on a vu se dissiper d'un coup la scène capitale du sang qui coule de partout, donc qu'est-ce qu'on en a à foutre de faire recommencer la terreur une deuxième fois après l'annulation de la première ? On est sortis du récit, moi en tout cas. Et donc là le monstre agressé par le jouet se retourne et poursuit les quatre filles qui se font couper l'une après l'autre. Les bras, les jambes et les têtes sont coupés. D'abord, les deux filles invitées de dernière minute, puis celle qui aime les films d'horreur et enfin la dernière cherche à s'enfuir, songe au trou par lequel elles sont entrées, mais elle semble bien être tuée elle aussi.
Puis, là, toute la fin se veut un jeu sur les perceptions du rêve et de la réalité. On avait ce jeu dans le premier épisode, on l'a dans le second, et donc là c'est pour le spectateur qui doit trouver ce qui est vrai et ce qui est faux. Donc, la fille se réveille. Elle va à l'école, les pensées sombres, et voit une amie qui l'approche, elle se sent soulagé, mais elle a une étrange cicatrice, puis la seconde arrive et a une cicatrice aussi. Le malheur pour cet animé, c'est que les deux filles disent comme rien : "Tiens ! j'ai une cicatrice au réveil !" comme si c'était bénin, alors que c'est la trace qui recolle à l'une un bras, à l'autre une jambe. On comprend déjà que c'est du rêve que vit l'héroïne. Elle fonce dans les escaliers, entre dans la classe pour voir sa meilleure amie qui parle avec d'autres filles et qui a la cicatrice au cou de la tête recollée. Puis, brusquement, on nous fait la nuit suivante où incroyablement les quatre filles ont le courage d'aller dans le manoir hanté pour vérifier ce qui s'est passé. La meilleure amie n'a pas sa marque au cou sur le dessin au passage, ce qui fait très con ! Et en haut de l'escalier, les filles tombent sur un cadavre face contre terre les cheveux abondants au sol, dans un sang aussi abondant, avec les habits de l'héroïne. Celle-ci soulève sa tête et reconnaît son visage et s'écrie : "C'est moi !" Son moi cadavre se relève et tue les quatre filles.
On a ensuite l'épilogue avec le démon qui nous soumet une petite énigme. Elles sont revenues au manoir, mais l'ont-elles jamais quitté ? Et on peut dire que quand la pièce est devenue rouge, c'était finalement déjà la mort de l'héroïne et tout le reste son cauchemar final. Bref, c'est alambiqué, bricolé, et du coup pas terrible.

davidson
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le 29 août 2020

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davidson

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