Quand tu assistes, impuissant et quand même un peu (voire totalement dans mon cas) hilare à un truc comme Lucy, tu as bien évidemment besoin de te noyer le cerveau dans une mare de Ricard ou devant un bon film. Faute d'alcool et faute de chef-d'oeuvre à se mater, j'ai finalement décidé de me poser devant une valeur sûre, un truc qui me fera bien rire mais cette fois volontairement.
Pour son quatrième long-métrage, Cédric Klapisch s'associe au duo Agnès Jaoui / Jean-Pierre Bacri pour adapter la pièce à succès Un air de famille. A l'arrivée, un paquet d'entrées en salles et une pluie de récompenses pour ce qui reste un de ses films les plus drôles et les plus réussis.
Comme ils l'avaient déjà fait pour Cuisine et dépendances, les auteurs auscultent avec malice et un poil de vacherie nos petites habitudes, nos hypocrisies, nous renvoyant à la gueule un reflet peu flatteur et à peine déformé dans notre petite existence bien tranquille. Les répliques fusent, écornent, font rire, déclamées par un casting en tout point formidable, dont on retiendra surtout le numéro impayable de Catherine Frot en bourgeoise coincée et un peu con, mais finalement attachante et sincère dans sa stupidité.
Mais derrière la comédie et les bons mots, Un air de famille cache autre chose. Quelque chose qui gratte, qui démange, qui ne fait plus vraiment rire. Plus le film avance vers sa conclusion, relativement optimiste, plus le ton se fait lourd, presque neurasthénique, à l'image de ce chien à deux doigts de la mort mais qui respire encore, sorte de paillasson à poils que l'on garde pour le décor, comme le dira si bien le personnage de Jean-Pierre Darroussin.
Bien qu'un peu longue et faisant appel à une formule bien trop prévisible typique du duo d'auteurs, Un air de famille est une comédie aussi drôle que sinistre, captant l'ennui et l'égoïsme avec un véritable talent.