Comme toute les semaines, la famille Ménard se réunit au café tenu par Henri (Jean-Pierre Bacri). Mais cette fois n'est pas tout à fait comme d'habitude : Yolande (Catherine Frot) fête son anniversaire, Phillipe (Wladimir Yordanoff) est obsédé par son passage télé, la femme d'Henri ne veut pas rentrer voulant réfléchir à son couple, Betty (Agnés Jaoui) quitte Denis (Jean-Pierre Daroussin) qui est le serveur du café ...
Alors qu'il est un des réalisateurs les plus en vue, Cédric Klapish décide d'adapter la pièce de théâtre d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri. Tout les 3 écrivent le scénario pour la rendre plus cinématographique .
Klapish engage tous les acteurs de la pièce d'origine ce qui fait qu'on sent une vraie complicité entre les comédiens. Il retrouve par conséquent Jean-Pierre Daroussin qui jouait dans "Riens du tout".
De ce point de départ, l'histoire bascule en un règlement de compte familial dans lequel Denis est le témoin malgré lui et qui va être le personnage auquel le spectateur va s'identifier grâce à sa tolérance et son empathie . Jean-Pierre Daroussin trouve sans doute son meilleur rôle. Il est stupéfiant d'humanité.
La mère est le pivot familial puisque tout, dans un sens , est de sa faute en mettant toujours en valeur Philippe, en dédaignant Henri qu'elle fait passer pour un raté, en asticotant sa fille pour son manque de féminité. Dans ce rôle ingrat, Claire Maurier est excellente.
Le spectateur va assister au visage révélé des protagonistes: Philippe (grandiose Wladimir Yordanoff) n'est pas le gentil bon fils , sa femme Yolande (Catherine Frot exceptionnelle) est moins gourde qu'elle en a l'air, Betty est amoureuse mais a du mal avec les sentiments, Henri (magnifique et touchant Jean-Pierre Bacri) est certes bougon mais il a bon fond ....
Le scénario et les dialogues sont exceptionnels . Certaines scènes sont devenues cultes : le collier, la danse, "Vous voulez quelque chose" dit en criant, le chien paralysé ....
Le tandem Bacri-Jaoui égratigne la famille à travers ses préjugés, leur thème de prédilection , avec un humour féroce.
Klapish emballe le tout avec talent en donnant un vrai rythme au film. A noter qu'il s'est donné le petit rôle du père défunt dans les flashbacks rendant son long métrage plus personnel qu'on peut le penser.
"Un air de famille" va être un gros succès public (Un peu plus de 2 millions 400 000 entrées) changeant le statut de Klapish (encore plus populaire)et surtout du tandem Bacri-Jaoui qui se voit définitivement consacré après le succès d'estime de "Cuisine et dépendances". Et Bacri devient un des acteurs les plus "bankables" du cinéma.
"Un air de famille" est aujourd'hui encore un classique du genre qui va inspirer de nombreux films (par exemple "Le prénom" ).