(et non, le titre ne fait pas référence à la coiffure particulière de Colin Farrell dans le film)
Passé assez inaperçu dans nos salles lors de sa sortie, Un Amour d'Hiver est l'adaptation d'un roman jugé inadaptable. Scorsese fut approché pour réaliser l'adaptation au début des années 2000, mais il refusa, car selon lui, il était impossible de transposer cette histoire sur grand écran. Et il a bien fait, car vu le résultat, ça aurait fait une belle grosse tâche dans sa filmographie (bien qu'avec Scorsese aux commandes, le résultat aurait surement été plus intéressant).
Alors franchement, quand un grand cinéaste comme Scorsese juge une œuvre inadaptable, pourquoi diable vouloir tenter le coup? Akiva Goldsman, scénariste de renom à Hollywood (Un Homme d'Exception, Je suis une Légende, Batman & Rob... non, on va oublier celui-là) s'est donc mis en tête de réaliser cette adaptation. Il signe par la même occasion son tout premier film (et à mon avis, son dernier).
À mon avis, Mr. Goldsman aurait du en rester à son poste de scénariste, car vu le résultat de ce long-métrage, je doute qu'il fasse carrière dans la réalisation. Un Amour d'Hiver est donc une sorte de conte de fées moderne, se situant au début du 20ème siècle, et qui traverse le temps jusqu'en 2014. Au départ, c'est ce concept qui fut mis en avant dans la bande-annonce: une histoire d'amour qui traverse le temps. Mais voilà, le film contient de nombreux autres éléments, complètement ratés.
Tout d'abord, dès les 5 premières minutes du film, on remarque que les éléments fantastiques ne concernent pas uniquement le fait que le personnage de Colin Farrell traverse le temps. J'ai eu plusieurs haussements de sourcils, le premier étant lors de l'apparition du cheval blanc, qui s'avère être très bon lorsqu'il s'agit de franchir un obstacle (il devrait participer aux JO, il chopperait la médaille d'or à coup sur!). Et ceci n'était que le premier d'une longue série de haussements de sourcils, car des moments WTF, il y en a un paquet!
En fait, j'ai rarement vu un film aussi bordélique. Le scénario en est la principale cause. Le film contient donc de nombreux éléments fantastiques, tels que des chevaux volants et des diables qui font des dessins à partir du sang de personnes vierges. Mais le scénario ne fait pas en sorte de préparer le spectateur à cela. Quand on voit l'affiche, on s'imagine qu'il s'agit d'une simple histoire d'amour, du coup, lorsque des éléments fantastiques pointent le bout de leur nez, on ne peut être que surpris et désarçonné. Et c'est ça qui enlève toute crédibilité à l'histoire de ce film. C'est tellement rempli de passages sans queue ni tête qu'on finit par décrocher et s'ennuyer.
En parlant de s'ennuyer, ce film est une véritable source d'ennui... Qu'est-ce qu'on se fait chier, c'est mou, il n'y a aucun rythme, et tout ce côté niais ne donne qu'une envie: couper le film. Mais voilà, je ne coupe jamais un film, aussi mauvais soit-il, car on peut toujours être surpris de la tournure que peuvent prendre les choses. Mais là, il ne se passe rien, et surtout, le résultat final est incompréhensible.
Il y a de la magie, des anges, des démons, des légendes et plein d'autres trucs bizarres, mais ce n'est pas ça qui rend le scénario incompréhensible. En fait, c'est la tournure des choses, les réactions des personnages, l'avancement de l'histoire, ... Rien ne semble naturel, on ne voit pas où le réalisateur (et l'auteur du bouquin j'imagine) veulent en venir, on dirait presque un kamoulox! Un cheval ailé vient se poser sur le toit d'un immeuble, mais ça ne semble choquer personne, même pas ceux qui découvrent cette créature pour la première fois. Une gamine a environ 10 ans en 1916 mais est encore vivante en 2014 (âgée, certes, mais je doute qu'à 108 ans, on se déplace encore avec autant d'énergie...). Je pourrais faire une liste entière de moments complètement débiles et illogiques, tant ce film en contient...
Même les acteurs ont l'air de se demander ce qu'ils font là, eux-mêmes n'ont pas l'air de comprendre ce qu'il en ressort. Colin Farrell semble dépassé par les évènements, Russell Crowe fait un concours de cabotinage, Jennifer Connelly a l'air complètement perdue, et même Will Smith a l'air d'en avoir rien à foutre et semble être venu pour encourager son ami Akiva Goldsman... La grosse question est: qu'est-ce qui a motivé ces personnalités de signer pour ce film? Comment peut-on vouloir jouer là-dedans quand on lit le scénario?
Au final, on s'étonne de voir qu'en 2014, on arrive encore à recruter un tel casting et à les planter dans un OFNI pareil. Un nanar de cette trempe, c'est tellement rare que ça en devient marquant. Entre tous les moments de gêne, les haussements de sourcils (j'ai même eu une crampe à force) et la niaiserie sans nom présente dans ce long-métrage, je me suis demandé comment il était possible de faire un film pareil. Un accident industriel de très haute volée...