C'est incroyable de constater avec le recul que William Wyler ait réalisé ce mélodrame amer et misérabiliste dans la pure descendance des films muets et juste après faire "Vacances romaines" qui en sera le parfait opposé dans un style optimiste, jeune et moderne.
Si on se souvient moins de "Un amour désespéré", que d'autres films du cinéaste, c'est surement que celui-ci sort bien trop tard pour un tel scénario. Une histoire d'amour passionnée d'un amour voué à l'échec par les convenances sociales de la fin du 19ème siècle. Le style romances maudites que Hollywood adore produire depuis le temps du muet (les films de Borzage, "Rebecca" ou "Le secret derrière la porte"). Des films noirs et désespérés. Mais au début des années 50, le public est las de ce genre de films et veut du fun et des histoires joyeusement optimistes. Le film fera un flop à sa sortie et Wyler déclara plus tard que ce n'avait pas été le bon moment pour sortir ce film. Le roman était tellement déprimant, que le studio décida de couper la fin originale où le personnage de Hurstwood se suicide.
Pourtant sortie de son contexte, le film n'est pas si mauvais et peut rivaliser avec bien d'autres dans le même registre. Une réalisation soignée, de beaux décors et costumes, une belle lumière. Il a tout ce qu'il faut au genre. Ironie du destin, lorsque Brian de Palma sortira son "Carrie" (titre homonyme aux USA), le succès horrifique effacera définitivement des mémoires du public anglosaxon la Carrie de William Wyler...