Ah ça, pour du mélo, c'est du mélo ! Mais du beau, intelligent, bien joué et réalisé par un William Wyler en très grande forme. Le résultat n'est ainsi jamais agaçant et au contraire constamment crédible, le scénario ayant l'habileté de nous offrir une narration souvent inattendue, que ce soit dans l'évolution des personnages ou dans la façon dont les événements vont parfois se dérouler. De plus, il est très rare de voir un tel film ne pas souffrir un seul instant des caricatures : c'est le cas ici (ou alors vraiment à une toute petite exception près), Wyler n'ayant pas son pareil pour nous offrir de belles émotions sans jamais en faire trop, préférant au contraire s'appuyer sur des situations convaincantes et un destin aussi implacable que cruel... Le résultat est douloureux, parfois déchirant, à l'image d'un dénouement ne nous épargnant pas franchement, mais « Un amour désespéré » est une histoire d'amour comme on en fait plus, où Laurence Olivier et surtout une inoubliable Jennifer Jones trouvent probablement un de leurs plus beaux rôles : on aura rarement vu œuvre sur les conflits intérieurs et la dignité aussi marquante que celle-ci.