Le premier long métrage de Lucas Bernard, tente d'éviter les habituels clichés de certaines comédies populaires françaises en y apportant un ton plutôt doux amer bienvenu, où l'enquête n'est que prétexte à décliner le drame de la solitude, et le malaise de ses protagonistes cherchant chacun à lutter contre la dépression ambiante.
Si les motivations de nos deux héros sont opposées, quoique floues, l'effet miroir d'une vie toute tracée et bien peu folichonne, s'inscrit parfaitement dans notre époque avec une ambiance passéiste, sans effet ni action et semble sur le papier, extrêmement prometteur.
Le réalisateur pointe la misère sociale et l'incommunicabilité, avec en introduction l'échange entre un jeune de banlieue et le commissaire qui le prend en flagrant délit de vol à son domicile. Proche de la retraite, bienveillant envers les petits malfrats qu'il laisse filer par lassitude, voire par frustration, il décide de se lancer à la poursuite d'un voleur de tableaux et de soigner sa sortie, Malheureusement l'entrée en matière est à l'image de la suite à venir, sans sursaut où les acteurs peinent à donner la réplique, à l'instar du repas imprévu entre le cambrioleur et le commissaire, déjà d'une facilité déconcertante pour cette rencontre fortuite. Souvent synonyme dans le cinéma de quiproquos et joutes verbales dévastatrices, ce dîner donnera lieu à un bien pauvre monologue de Jean-Quentin Châtelain, à la théâtralité et à la verve poussives, appuyé par un Charles Berling, en mode 2 de tension, où le fantasque laisse la place à la niaiserie et au sur-jeu, pour révéler la différence de classe sociale.
Swan Arlaud, pourtant excellent dans Petit Paysan, est quant à lui totalement inexpressif et même si son physique colle parfaitement à l'image de ce jeune homme mystérieux et insaisissable, sa relation si peu passionnée avec le faire valoir féminin, d'un intérêt tout relatif, (Jennifer Decker) ne fait que rajouter à la platitude de l'ensemble. De la même manière si on comprend bien la volonté à complexifier le personnage et à nous le rendre nettement moins gentleman cambrioleur, par ses escroqueries annexes, la démarche oscille sans cesse d'un trait à l'autre sans savoir quelle direction prendre.
Le bémol vient alors de ces personnages hors les clous manquant cruellement d'humour à froid, entre une réalité morne au ton pessimiste et ce jeu du chat et de la souris censé révéler le comique de la situation par son décalage.
Un manque d'enjeu et d'audace, des incohérences et une grande facilité à enchaîner les situations, s'attachant à la seule performance de ses acteurs, pourtant absents, enchaînant les saynètes sans prétention, au rythme vacillant, à la lenteur rébarbative, à la mise en scène des plus classiques et aux cadrages qui peinent à mettre en valeur les décors et les personnages. Avec en filigrane le monde de l'art, son snobisme ou son hypocrisie, la caricature de la bourgeoisie, les services de police en pleine torpeur, ou encore le travail comme vecteur social, le cinéaste surfe sur les sujets pourtant attractifs mais hésite à approfondir sa réflexion. Un ton finalement bien trop sage et maladroit où les dialogues tombent à plat, Le final vient boucler la boucle.
Vraiment dommage, on avait plaisir à retrouver Berling et Arlaud. Ce sera pour la prochaine fois.