Unlucky Jo

Michel Simon est sans doute l'un des meilleurs comédiens de sa génération. On pourrait écrire des pages et des pages sur son éclectisme, sa capacité à faire rire, pleurer, peur, faire pitié ou attendrir selon les films, chefs-d'œuvre ou nanards et les époques. En plus, il chante très juste.

Ici en restaurateur de guinguette, vieux proxo rangé des marmites, avec Bussières en titi serveur ex-taulard, il protège une jeune fille enlevée par des méchants qui se servent de son auberge comme lieu de captivité. Jacques Morel, tout jeune, est un inspecteur infiltré qui s'incruste sur l'île d'amour pour tenter d'en savoir plus.

On sent vite la fin et le coté rédemption et on se laisse fantasmer à ce qu'auraient pu faire un Duvivier ou un Clouzot du truc.

Néanmoins, la grande aisance de Michel Simon avec les enfants (déjà entr'aperçue dans "Brelan d'as" et magnifiée dans "le vieux homme et l'enfant") est tjs impressionnante. Il sait laisser transpirer derrière son physique bourru et sa faconde misanthrope une humanité et une affection subtiles.

A noter que Michel Simon est tombé très gravement malade, durant le tournage, à la suite d'une intoxication de teinture pour sa barbe qui s'attaque à ses nerfs cervicaux. Cela handicape gravement sa capacité de mémorisation et fait fuir les producteurs. En suit deux années de disette sans tournage, le tps de récupérer. L'Oréal semble avoir amélioré la cosmétique depuis (quoique la logorrhée de certaines influenceuses semblent le contredire).

Quelques seconds rôles sympathiques, Roger Legris, (vu dans Pépé le Moko ou dans plusieurs Mocky 60's) ou la "grande" Gabrielle Fontan tjs juste.

A découvrir ou revoir à l'instar de "L'Étrange Désir de monsieur Bard", "La Vie d'un honnête homme" ou "Monsieur Taxi" avant de se plonger dans "La Poison" ou les films des années 30 (Quai des brumes, Bondu, l'atalante mais aussi Fric-Frac ou Circonstances atténuantes...).