Un nouveau dessin animé ? Un conte de fées ? De Noël peut-être ? peut-on penser en lisant le titre original, « Un chat des rues nommé Bob » (qu’il eût été pourtant facile de ne pas dénaturer). Non, juste le témoignage poignant de la renaissance d’une épave urbaine grâce à sa rencontre avec un chat-gouttière. D’après le best-seller vécu de James Bowen, cet hymne à la seconde chance nous plonge dans la vie d’un jeune clochard londonien, immigré australien, toxicomane, misérable, affamé, et complètement esseulé. Personnalité sensible et noyée dans une ancienne spirale vicieuse socio-familiale, il n’a de précieux que sa méthadone et sa guitare, avec lesquels il chante dans la rue pour renouveler sans trop savoir pourquoi ses piécettes de poche. L’adoption d’un chat roux, errant et blessé, qui le choisit comme compagnon et protecteur, l’implique avant même qu’il ne le réalise et redéfinit dès lors ses conditions sociales, alimentaires et intimes. Le chat, joué par Bob en personne, lui enseigne la responsabilité, la capacité à chérir et à être motivé, la volonté d’avoir une vie, l’envie d’être sobre, et même d’envisager une relation humaine sans honte avec sa voisine. Chat sur l’épaule ou sur la guitare, le duo vire en microphénomène de quartier et attire bientôt curieux, photographes et même journalistes…
Cette craquante comédie dramatique touchera particulièrement ceux qui ont été altérés par la pauvreté, la drogue et les chats bien sûr, tout en s’adressant facilement aux enfants comme aux adultes, par sa grande tendresse autant que par sa dureté. La réalité de la misère et de l’hostilité urbaine ne s’inventent pas, ni l’ostracisme sociétal, pas plus que la perte psychologique du pouvoir de lutter, l’arrogance de certaines braves gens, les quelques personnes providentielles rencontrées ça et là, ou l’âpreté du monde des SDF et de la toxicomanie.