Il y a des films, des fois, tu ne sais pas pourquoi tu les aimes.
"Un château en Italie" en fait partie pour moi.
Pourtant il représente tout ce que je n'aime pas au cinéma : un personnage principal qui se fait honte, des situations qui s'allongent beaucoup trop, de l'humour inapproprié.
Ici Louise est un personnage un tout petit peu névrosé, qui pète un câble ou qui sort des absurdités quand il ne faut pas, la mort d’un des personnages devient une farce et je n’aime pas Louis Garrel.
Louise est comme Frances Ha, un personnage que j'ai détesté. Mais Louise a quelque chose que j'ai aimé, quelque chose qui m'a émue et fait rire. Un "je ne sais quoi". Peut-être la relation qu’elle a avec son frère. Ils se comprennent en peu de mots ou en peu de gestes, ils s’aiment un peu trop mais sans qu’il y ait ambiguïté ni malaise comme dans certains films. Ils sont frères et sœurs même s’ils s’embrassent sur la bouche ou qu’ils s’étranglent car les deux aiment ça. Ils jouent. Et ça n’a aucune incidence sur le film, sur la famille. Peut-être cette fragilité qui émane d’elle lorsqu’elle tente d’avoir un bébé et que finalement ça n’arrivera pas, il n’y a rien de pathos. Elle perd du sang, elle a mal, elle tombe par terre. C’est une très belle scène, pudique, courte, avec une lumière magnifique. Ou lorsque son mec la quitte car il l’aime trop mais qu’il ne veut pas d’enfants. Elle veut avoir le dernier mot mais ça sera évidemment une absurdité, ce genre de phrase qui tournera en boucle dans notre tête pendant des jours et des jours et qu’on se martèlera « pourquoi j’ai dis ça ? ». Peut être aussi la voir danser avec les chaussures de son frère, qu’elle imagine contre elle alors qu’il n’est plus là. Ses grosses chaussures contre ses chaussures à talons. Une musique présente mais douce, discrète. Il y a aussi ses moments d’hystérie, où un détail devient très important, la situation est catastrophique alors on se focalise sur une tâche, un achat ou un bavardage inutile. Et quand on se rend compte qu’on a manqué le moment d’adieu, de relâchement, on n’ y croit pas. Alors on tente par tous les moyens de se rassurer (le miroir de poche, la chaleur d’un corps) que tout est encore là, que rien a changé. Alors que tout vient de basculer en une seconde.