Cela tient parfois à peu de choses...
Il est plus facile pour un chameau, le premier film de Valeria Bruni-Tedeschi ne m'avait guère séduit : l'actrice-cinéaste se mettait elle-même en scène dans une sorte d'auto-thérapie visant à accepter d'être née au sein d'une famille richissime. Cela donnait un film nombriliste, ayant sans doute fait du bien à son auteur mais qui, pour autrui, laissait un sérieux gout d'inachevé, un sentiment de bonnes intentions gâchées par un manque de maitrise.
Un château en Italie traite à nouveau des questionnements internes de cette même Valeria Bruni-Tedeschi, dans un film toujours aussi largement autobiographique. Mais là - ô miracle - cela fonctionne. Peut-être car cinématographiquement, surtout au niveau du rythme, Valeria Bruni-Tedeschi s'est affirmée comme cinéaste à part entière. Peut-être aussi, car les acteurs arrivent à tisser entre eux une toile séduisante que l'on a plaisir à parcourir (entre Louis Garrel et Bruni Tedeschi, entre Filippo Timi et Bruni Tedeschi, entre Céline Sallette et Filippo Timi, sans oublier Xavier Beauvois, André Wilms, Marie Rivière). Et puis, dans une palette de thèmes étendues (entre préservation des souvenirs et volonté d'embellir le présent et le futur), Un château en Italie adopte un ton drolatique et distancié qui fait mouche : cela donne des situations cocasses, des dialogues bien sentis et des personnages haut en couleurs qui cultivent des personnalités originales et donc cinématographiquement intéressantes. Avec Un château en Italie, Valeria Bruni-Tedeschi se rapproche de Nanni Moretti : même mise à nu autobiographique, même regard tendre et amusé. Même pet' au casque.