Un château en Italie par Maqroll
Un film très français, c'est-à-dire cérébral et un peu bavard mais aussi reposant sur un scénario très solide, à la psychologie affinée et d’une acuité intuitive remarquable. C’est tout simplement une histoire de famille, qui n’est pas sans rappeler à certains moments le cinéma de Desplechin (avec moins de force toutefois) ou celui d’Assayas (avec plus de rigueur). Le couple constitué de Valeria Bruni-Tedeschi (qui se met en scène avec bonheur) et Louis Garrel fonctionne sans problème, les rapports de famille entre l’héroïne, sa mère et son frère sont bien étudiés et sonnent juste. Et surtout, ce film a le mérite de nous rappeler que le cinéma est avant tout une affaire d’images, des images qui sont servies par un bon scénario et des acteurs bien dirigés et non l’inverse. C’est l’image qui domine ici, c’est elle qui donne le ton, infléchit les trajectoires et nuance les excès des personnages, entraînés par leurs passions. Les personnages secondaires (joués notamment par Marisa Bruni-Tedeschi, dans un rôle évident de mère, André Wilms en père sobre et émouvant et surtout Xavier Beauvois dont la diatribe sortie des tripes sur la souffrance ponctue le propos) sont remarquables de force et de complexité, venant donner un éclairage complémentaire à cette histoire composite faite d’un désir d’enfant déçu, de nostalgie d’une enfance dorée et finalement des rapports douloureux mais naturels avec la mort. À ce titre, la séquence finale est d’une beauté réelle et arrive à nous faire penser que la mort d’un arbre qu’on abat est plus terrible encore que celle d’un être humain fauché par la maladie. L’ultime image, arrêtée dans une course vers la vie, est un rebondissement magnifique, ouvrant sur l’avenir d’une manière exemplaire. Un vrai film d’auteur, marqué par une pudeur et une finesse qui honorent le cinéma.