En 1974, Death Wish et Il cittadino si rebella aka Street Law viennent ouvrir la voie au vigilante movie, film de vengeance où se pratique la justice personnelle, en général dans un univers urbain grouillant et corrompu. Ce courant existe déjà (Magnum Force de 1973 y est opportunément rattaché) mais s'étendra maintenant de façon moins fortuite, avec notamment les suites de Death Wish pour lui donner une essence kitsch. Death Wish (Un justicier dans la ville en VF) sort en juillet aux USA, Street Law en septembre en Italie. Le premier devient le symbole du 'genre' et transforme la carrière de l'acteur Charles Bronson ; le second sera largement oublié.


Street Law n'est pas un précis politique comme l'est son voisin. Il est aussi moins rude dans sa violence (elle est moins directement sexuelle) et exprime plus subtilement la sensation de perdition d'un homme. L'intrigue en elle-même a également beaucoup plus de place, n'étant pas instrument d'une démonstration. Le déroulement est assez imprévisible et Carlo Antonelli (interprété par Franco Nero) pris dans des rapports et amitiés compliqués, mis sous pression sans jamais avoir de maîtrise ni de certitudes sur les situations. Il doit s'investir et souffrir d'autant plus fort. La mise en scène d'Enzo Castellari est sobre, raffinée à sa façon, tout en restant ancrée dans le bis refusant de rendre des comptes.


Le mouvement est constant avec un style lent, ne laissant pas de place à l'affadissement, trouvant une espèce de solennité éruptive partout ; on est assez proche de Carpenter, avec une emprunte italienne inimitable (dont la trilogie animalière d'Argento, bien plus poisseuse, porte également les traces). S'il n'est pas spécialement profond, ce film est en tout cas malin et possède une identité forte. Le monde donné à voir est une jungle vivable, proche et pittoresque, pleine d'un caractère profond (les relents machistes méditerranéens) et en même temps enchaîné à sa modernité essoufflée (policiers dépassés, prolifération de petites mafias). Le charme de Street Law vient de son heureuse combinaison de paradoxes, par exemple ce côté très viscéral et sa froide décontraction, sa BO 'planante' nerveuse et les réalités sans grâce mises en lumière.


https://zogarok.wordpress.com/2015/10/06/street-law-il-cittadino-si-rebella/

Zogarok
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de vengeance, Le Classement Intégral de Zogarok et Les meilleurs films italiens

Créée

le 6 oct. 2015

Critique lue 1K fois

7 j'aime

Zogarok

Écrit par

Critique lue 1K fois

7

D'autres avis sur Un citoyen se rebelle

Un citoyen se rebelle
Zogarok
7

Critique de Un citoyen se rebelle par Zogarok

En 1974, Death Wish et Il cittadino si rebella aka Street Law viennent ouvrir la voie au vigilante movie, film de vengeance où se pratique la justice personnelle, en général dans un univers urbain...

le 6 oct. 2015

7 j'aime

Un citoyen se rebelle
Heurt
6

Un monde violent

La violence est partout en Italie elle règne à chaque coin de rues, un homme va en faire les frais en se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment. Et devant l'inaction de pouvoirs publics, il va...

le 9 avr. 2021

5 j'aime

3

Un citoyen se rebelle
SB17
8

L'enfer de la violence

L'éditeur Artus complète sa collection Polar à l'italienne avec la sortie d'Un Citoyen se rebelle, sorti en 1974 en même temps qu'Un Justicier dans la ville. En plein contexte des Années de plomb, le...

Par

le 9 déc. 2022

5 j'aime

2

Du même critique

La Haine
Zogarok
3

Les "bons" ploucs de banlieue

En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...

le 13 nov. 2013

51 j'aime

20

Kirikou et la Sorcière
Zogarok
10

Le pacificateur

C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...

le 11 févr. 2015

48 j'aime

4

Les Visiteurs
Zogarok
9

Mysticisme folklo

L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...

le 8 déc. 2014

31 j'aime

2