Improvvisazione
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Réalisé juste avant le génial Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon, Un coin tranquille à la campagne a de quoi surprendre. Décousu, il semble avoir été pour Elio Petri l’occasion d’expérimenter, de jouer avec ses inspirations pour poser les bases de sa plus belle réussite, qu’il réalisera un an plus tard.
Pour autant, en tant que spectateur gourmand, difficile de ne pas succomber aux sirènes d’un ennui terriblement présent pendant la première heure, sorte de réflexion tarabiscotée sur la place de l’inspiration chez un artiste, et des moyens dont il dispose pour la retrouver lorsqu’elle s’est fait la malle. Voir Franco Nero délirer dans des séquences nonsensiques absurdes, sans qu’elles s’inscrivent spécialement dans un contexte quelconque est assez déroutant.
Mais pour qui brave la tempête et fait preuve d’une certaine patience, la seconde partie du film sait récompenser, en partie, les efforts déployés. Graphiquement déjà, elle est réellement marquante et l’histoire y prend enfin son envol. Jouant avec la frontière ténue qui sépare rêve et réalité, fantasme et angoisse, Elio Petri met en place un jeu de fausses apparences qui tient curieusement la route malgré l’itinéraire laborieux qui y a conduit.
On pourra néanmoins lui reprocher un message un brin poussif qui peine à convaincre lorsqu’il se révèle en fin de film. Cette question universelle de l’intégrité de l’artiste face à son œuvre et des âmes opportunistes qui tentent de le monnayer peut vite devenir pompeuse, ce qui est malheureusement le cas ici.
Un coin tranquille à la campagne est un film particulier, dont les qualités (belle photographie, un Franco Nero qui se livre, quelques séquences marquantes) peinent à rattraper les sorties de route : une première heure difficile à avaler et une histoire qui reste beaucoup trop accessoire aux expérimentations en tout genre d’un cinéaste qui se cherche.
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Créée
le 19 janv. 2016
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