Dans la vengeance et en amour, la femme est plus barbare que l'homme.
Friedrich Nietzshe




VENGEANCE




nom féminin




Action de se venger ; dédommagement moral de l'offensé par punition de l'offenseur. Tirer vengeance d'un affront.




synonymes: châtiment



Un colt pour trois salopards est une oeuvre sortie dans les années 70 réalisé par Burt Kennedy (Les Voleurs de train 1973, La Caravane de feu 1967, La Chevauchée de la vengeance 1959...) un habitué de la réalisation sauce western comptant pas mal d'oeuvre moyenne dans sa filmographie. Néanmoins pour ce titre que je ne connaissais absolument pas il faut lui reconnaître une amélioration dans sa mise en scène, démontrant une dynamisation ainsi qu'une inventivité plus prononcée. Un western possédant une structure spaghetti mais qui n'en est pas un, étant produit par des Anglais, un western Britannique.


Avec sa texture "film de vengeance implacable"(un genre dont je suis spécialement fan), son atmosphère noire violente brute de coffrage, ainsi que sa héroïne badasse et pulpeuse à souhait, je ne pouvais que succomber. J'adore les oeuvres avec des femmes charismatiques élément à l'époque relativement rare et quasi inexistant dans la mouvance western. C'est pourquoi lorsque je suis tombé par hasard sur ce titre en consultant canal à la demande il ne m'en fut pas plus pour direct lancer le long métrage, pour mon plus grand plaisir.


Un colt pour trois salopards est un récit de vengeance nourri par le thème monstrueux du viol d'Hannie Caulder et du meurtre de son mari. Une quête de représailles intenses mélangé à de légers moments comiques plus clairs, principalement à travers les déboires des frères Clemens (les violeurs). Un subtil mélange de violence et d'humour incarné par les 3 antagonistes pour venir un minimum alléger l'atmosphère grave et dramatique de l'histoire. En cela le scénario est bien pensé car cet allègement de ton est minutieux pour ne pas gâcher l'expérience.


L'écriture n’a rien de bien extra-ordinaire dans certains aspects de son approche et peut s'avérer un peu prévisible par instants, mais il réussit à être de bonne facture grace à son personnage torturé principal ainsi que son acolyte. De plus, dans sa droite lignée d'oeuvre basée sur la vengeance le long métrage se suffit largement à lui-même.


Après visionnage, il m'est apparu absolument évident qu'Un colt pour trois salopards est servie d'influence à la saga mythique de Tarantino "Kill Bill". Une évidence pas forcément surprenante puisque Tarantino a toujours confirmé s'inspirer d'oeuvres des années 70/80 dont il est fan pour composer son cinéma. Il faut donc voir en Hannie Caulder la muse pour Beatrix Kiddo alias Black Mamba.
Loin d'être terminé, la construction du scénario autour du personnage Thomas Price joué par Robert Culp ressemble sensiblement à celui du comédien Christoph Waltz dans le rôle du Dr King Schultz dans Django Unchained. Allant jusqu'à avoir la même barbe entre les deux jouant là aussi un rôle de mentor et d'entraîneur au héros devant se venger.
Au vu de ses nombreuses inspirations plus que pour d'autres je peux affirmer sans trop me risquer que Quentin Tarantino adore ce film!


Le film est très violent, démontrant des scènes de tir au pistolet particulièrement sanglantes et sans concessions. Abattant à tour de bras n'importe quel innocent lâchant au passage de bonnes doses d'hémoglobine couleur peinture rouge vif. Ne parlons même pas de la fameuse séquence du viol assez longue et plusieurs fois remontrée par brides de souvenirs à l'écran histoire de bien nous faire garder la rage.


Les nombreuses séquences de fusillades sont efficacement illustré faisant preuve de quelques originalités. Filmées dans un style duel au soleil couchant où celui qui dégaine le plus vite ne gagne que j'aime beaucoup. En effet là où il faut attendre pour certains films la dernière action pour avoir son duel à celui qui sera le plus rapide au pistolet, ici les joutes au colt s'enchaînent et de manière originale, vu qu'Hannie Caulder refuse de tuer dans le dos ou par surprise ses bourreaux, tenant à leurs montrer sa supériorité de femme en les tuants à la loyale.


Pas mal de séquence marquante sont à retenir, en particulier la scène du bain avec le jean pour le rétrécir et qui mettent la comédienne particulièrement en valeur. Toute la partie autour de l'apprentissage du maniement des armes, et surtout des diverses chorégraphies autour des combats qui sont plutôt bien réglés, avec par exemple une perforation d'une balustrade pour atterrir derrière un bandit et le tuer. La mort de Thomas Price ainsi que le duel final bien mis en valeur avec l'intervention remarqué du fucking badass Homme en noir!


Les décors où se passe l'action sont dans l'ensemble correct, rien de bien incroyable, mais suffisant. Sachant que le tournage a eu lieu en partie en Andalousie, en Espagne ainsi que dans le désert de Tabernas on aurait pu en attendre plus j'en conviens.


La musique est composée par Ken Thorne, compositeur principalement connu pour son travail sur les musiques de la série "Amicalement votre" et les films "La Guerre de Murphy, Superman 2 et 3"... Ses différents titres proposés pour cette oeuvre sont excellents, un plaisir à écouter. Une grande partition avec des sonorités dignes de grandes chevauchées mais aussi bien plus obscur conférant bon nombre de sensations.


Niveau distribution c'est vraiment bon, très bon même. L'héroïne principale Hannie Caulder est interprétée par la sublime Raquel Welch à qui l'on doit de nombreux rôles conférant une fièvre du désir tel que Bandolero!(1968), Les Cent fusils(1969), Fantasmes(1967), une fille nommée Fathom(1967)...
Pourvu d'une plastique de rêve avec laquelle elle joue parfaitement sur les différentes photos publicitaires du long métrage (entre autres) et qu'il serait bête de juger que sur cet aspect, car un pistolet à la main elle fait un malheur. La comédienne porte parfaitement le trait de la vengeance dans une vendetta punitive où la loi du talion est plus forte que tout. Caulder parvient à échapper à l'enfer et ne cherche qu'à y replonger pour se faire justice. Seulement dans un monde où la femme est considérée comme bien peu de chose seule elle n'a aucune chance.


C'est dans ce contexte que se présente à elle dans un pur hasard des plus chanceux l'élégant et charismatique chasseur de primes Thomas Price incarné par un excellent Robert Culp (Patrouilleur 109/1963, Requiem pour des gansters/1972, Terreur dans la montagne/ 1973)... L'alchimie entre Welch et Culp fonctionne parfaitement dans un jeu de maître/élève efficace qui dramatiquement propose beaucoup. Il est plaisant de trouver en Thomas Price un chasseur de primes efficace aux méthodes bien particulières (tient coucou Dr King Schultz).


Enfin "Un colt pour trois salopards" met en avant le contraste primitif dans lequel la femme de l'époque vit et avec lequel Hannie Caulder est obligé de composée en s'affirmant, mais aussi en l'acceptant.


Les frères Clemens joués par Ernest Borgnine, Strother Martin, Jack Elam, des habitués de sales gueules bruts de coffrage au western, se présente comme des personnages déroutants. Ils incarnent des bandits ratés (presque à l'image des Dalton) faisant preuve d'une stupidité assez flagrante mais d'une cruauté sans limite. Capables du pire ils ne sont surtout pas à sous-estimer, usant aussi habillement de cruauté que de révolver ou de couteau. Ils apportent des changements de ton discordants, avec une foule de scènes mettant en avant l'incompétence du gang lors des braquages de banques.


Leurs stupidités ne sont pas à prendre au second degré, car elle appuie leurs ignominies et leurs facilités à violer et à tuer. Ils incarnent parfaitement une réalité manifeste où les plus grands meurtriers sont souvent des imbéciles incultes.


On retrouve également le grand Christopher Lee pour son seul rôle dans un western où le Dracula seigneur Sith incarne un armurier plaisant.


Petit kif autour du personnage énigmatique de l'homme en noir par le comédien Stephen Boyd (décidément les multiples influences s'est dingue) dont on ne connaît pas le nom dans le long métrage mais qui apparemment incarne un tueur/chasseur de primes dangereux jouant une pièce maîtresse lors du final.
Limite, j'aimerais un film pour lui seul tant je l'ai trouvé marquant malgré sa petite apparition. Je me demande même si initialement une suite était prévue où il jouerait un élément important, mais vu le non-succès du film sa suite fut annulé (simple spéculation).


CONCLUSION:


Un colt pour trois salopards est un western extrêmement sous-estimé d'une influence remarquable sur le cinéma actuel. Un des meilleurs films du genre que j'ai pu voir sur le principe de la vengence, amenant une touche particulière à l'univers très masculin du Far West. Pourvu d'un casting inspiré, d'actions performantes, d'une bande son géniale et d'une mise en scène efficace avec un rythme soutenu notamment grace à une durée relativement courte qui fait qu'on ne s'arrête pas trop sur les détails et que l'on s'ennuie nullement. Une excellente histoire de châtiment mettant en avant une héroïne badasse nous distrayant allègrement.



Un film made in Quentin Tarantino avant l'heure!


B_Jérémy
9
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le 3 mai 2019

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