Peu de films m'ont poussée à réfléchir autant je crois, à tout décortiquer pour m'expliquer cette ambiguïté d'affection - affliction ressentie durant le visionnage.

Le film souffre de plusieurs défauts qui m'ont insupportée, dès les premières minutes : Jean-Paul Roussillon déjà, sa voix m'indispose, je ne l'entends pas, j'avais juste envie qu'il avale un flacon entier de Maxilase sans cuillère. Mais, étant donné que le scénario croule sous les personnages, leur temps de paroles est plutôt réduit pour chacun d'entre eux. Un bon point qui se transforme en handicap, parce qu'évidemment, cette multiplicité des personnages entraîne une complication de l'intrigue que je n'ai pas trouvé convaincante : j'avais l'impression de dîner sur une table avec la rallonge tirée. De quatre places on passe à seize, pour loger des convives peu intéressants. Le scénario d'Un Conte de Noël, c'est un peu ça finalement. D'une histoire banale on allonge quatre ou cinq histoires sous-jacentes, de manière pas très subtile. Et c'était sans compter sur la mise en scène surchargée, voire saturée. Combien de plans se veulent poétiques parce qu'absolument pas nécessaires et qui font tâche par rapport à la cohésion de l'ensemble ? Beaucoup trop à mon goût. En revanche, filmer et sublimer Deneuve-fille en petite culotte blanche dans une lumière dégueulasse, c'est bat'. (La tête maquillée de Deneuve elle-même au petit matin, c'est moins honnête déjà.)

En parlant d'honnêteté, deux détails m'ont contrariée : la fin inexistante et Mathieu Amalric. La fin tout d'abord, est inexistante, ce qui est injuste par rapport au développement du début, l'histoire familiale largement expliquée. Priver le spectateur de fin claire et précise lorsqu'on lui fait gober une chronologie élaborée et soignée pendant quinze minutes, ce n'est pas honnête. Amalric ensuite, qui de son talent intemporel nous remplit d'admiration, a pour moi été insuffisamment mis à contribution. Ses traits du visage sont incroyablement lisses et purs, alors qu'il est l'un des rares acteurs français à avoir un physique qui permette qu'on le modèle, qu'on lui fasse la gueule cassée des connards ordinaires sans que jamais cela ne soit superficiel... Dommage.

Personnages nombreux, scénario rafistolé, mise en scène trop généreuse... Même la musique n'apaise pas le raz-de-marrée. Et vas y que l'on nous truffe tout ça de références variées à la religion, à West Side Story, aux Dix Commandements, à Nietzsche (je me méfierai toujours des auteurs qui citent Nietzsche à tour de bras) et à un autre film mystère que je n'ai pas su identifier. Merci pour le tour de Trivial Pursuit gratuit. En plus, ils osent nous faire croire qu'il existe une vie nocturne à Roubaix.

Chez Allociné, tous les films similaires sont de Christophe Honoré... Pas étonnant. Le chapitrage du film (sauf que la police choisie par Arnaud Desplechin pour écrire ses mièvreries est... laide), les dialogues très écrits, leur tendance à nous refourguer en loucedé des bobos dépressifs et mal dans leur peau, les adresses directes à la caméra, et le meilleur pour la fin : LE LOUP, partout tout le temps.
Eiffel_The
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le 6 août 2010

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