Back(room) Mirror
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Un Couteau dans le Coeur est une véritable déclaration d'amour. Sincère, qui ose les mots et les gestes les plus équivoques. Une déclaration d'amour de l'âme soeur, d'un milieu interlope métissé, d'un medium. Et rien que pour cela, le masqué a envie de vous dire qu'il faut y aller. malgré les maladresses parfois criantes et dommageables. Mais n'est ce pas finalement ce qui fait tout le prix de l'amour que l'on témoigne ?
Film multiple, Un Couteau dans le Coeur cite à l'envi, butine ses influences un peu partout, sans jamais pourtant servilement recopier. Un peu de giallo, forcément, par ici, un peu De Palma, celui de Blow Out, dans l'approche du media cinéma, ou du Hitchcock, encore, pour une toute petite pincée. Le tout dans une perfection plastique qui charme et qui emporte à coup sûr, entre couleurs vives, parfois, et atmosphère troublante et délicieusement ouatée, comme si la réalité ne l'était pas tant que cela et qu'une pointe de surréalisme montrait le bout de son nez par instants.
Yann Gonzalez se fait bientôt enchanteur, tout en posant via sa caméra un regard nostalgique, complice et teinté d'une mélancolie désarmante sur un milieu inconnu du porno gay underground des années 70 et, surtout, sur ceux qui l'animent et le rendent vivant.
Un Couteau dans le Coeur, c'est aussi une déclaration d'amour portée par une Vanessa Paradis en état de grâce à son âme soeur. Une passion cabossée, comme elle, qui a fait du chemin depuis l'innocence filmée par Jean-Claude Brisseau pour Noces Blanches. Un amour qui crame un peu plus encore le coeur et les sentiments. Un peu plus violent quand il s'exprime dans les cris et les pleurs. Jusqu'à ressentir cette douleur, cette dérive quand il prend malheureusement fin.
Un couteau dans le Coeur crie enfin son amour de la fiction, son amour du cinéma, lui qui propose en guise de scène finale une projection dans une salle porno envisagée comme un refuge , une exaltation des souvenirs les plus doux et douloureux à la fois, en forme d'échappatoire à un monde réel intransigeant et violent.
L'expérience proposée par le film est donc souvent assez délicieuse, oui. Mais pourtant, Un Couteau dans le Coeur n'est pas exempt de défauts, malheureusement, qui parviennent parfois à parasiter un ressenti acquis d'avance, tant son appréhension du beau et de l'amour transporte.
Le rythme de l'oeuvre se montre ainsi parfois en dents de scie, se perdant dans quelques longueurs issues d'une volonté de trop bien faire, ou encore d'une insertion des mobiles du tueur soulignés au stabylo, peut être de peur de perdre le public. C'était d'autant plus inutile que Yann Gonzalez les faisait comprendre de manière extrêmement naturelle, en jouant tant sur le pouvoir évocateur de ses images que sur celui du media cinéma. Dommage. Car là pourrait peut être se résumer le coup de moins bien du film : avoir peur, sans doute, de se montrer trop radical, alors même qu'il ne rechigne pas souvent, à la représentation à l'écran des actes les plus dérangeants.
Peur aussi de verser ouvertement, peut être, dans un trip qu'il promettait pourtant dans une première bobine scotchante et de se montrer "raide comme Giscard", comme se plaît à le dire, avec un sourire malicieux, l'un des personnages principaux de l'oeuvre.
L'atypique le plus séduisant est là, c'est un fait. Les défauts de l'oeuvre aussi. Mais ces derniers ne doivent pas vous empêcher de vous planter ce Couteau dans le Coeur, tout simplement beau, onirique et violent. Mais maladroit. Tout en se disant que le trip est agréable.
Behind_the_Mask, qui a parfois peur de la demi-molle.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Une année au cinéma : 2018 et Les meilleurs films français de 2018
Créée
le 30 juil. 2018
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