Un crime au Paradis par Vincent Bruneau
Lorsque l’on parle de films typiquement français, on pense souvent à Jean Becker, le réalisateur de « la Tête en Friche », de « Dialogue avec Mon Jardinier », de « Effroyable jardin » ou encore des « Enfants du Marais ». Cet homme est coutumier des films à dialogue où les personnages sont souvent des gens simples qui se font dépasser par les évènements. C’est ici l’essence même d’« Un Crime au Paradis » (réalisé en 2000).
L’histoire se déroule dans un petit village de la France profonde dans la région Lyonnaise. Jojo Braconnier (Jacques Villeret) vit avec sa femme Lulu (Josiane Balasko) dans une ferme, située dans un lieu-dit qui s’appelle « Le Paradis », où il élève quelques chèvres et cultive son potager.
On ne peut pas dire qu’au Paradis règne un amour fou. En effet Jojo et Lulu ne peuvent communiquer que par insultes et brimades interposées. Cette dernière est une ivrogne invétérée et une mégère acariâtre que tout le village déteste, au contraire de Jojo que tout le monde adore et soutien. Lulu enchaine les coups bas et s’acharne à rendre la vie impossible pour notre pauvre Jojo. Elle lui crève les pneus de sa voiture, lui perce ses seaux et va même jusqu’à bruler la collection de timbre de son mari qui est la seule chose, avec ses chèvres, qui compte pour lui. Dès lors, une soudaine envie de meurtre émane en Jojo.
C’est un soir, alors que Lulu s’est endormie sur la table après avoir terminé sont deuxième litre de vin, que Jojo tombe sur un reportage à la télévision sur un certain Maître Jacquard (André Dussollier), un véritable ténor du barreau qui vient d’obtenir son 25ème acquittement. Très impressionné, l’idée lui vient alors de rencontrer cet homme qui pourrait bien mettre fin à son calvaire. Il va donc à la rencontre de l’avocat, lui fait croire qu’il a tué sa femme et se fait expliquer, par un jeu de questions très adroites, comment il aurait dû s’y prendre pour obtenir les circonstances atténuantes qui lui assureraient l’acquittement. Jojo rentre alors chez lui et tente de mettre en scène le « crime parfait ». Mais qu’en sera-t’il ?
Si vous aimez, tout comme moi, les films de Jacques Villeret, vous serez servis. Je suis convaincu que ce rôle est un de ses plus grands. On le découvre naïf, torturé, perdu. C’est dans ce film un pauvre type qui n’a d’autre choix que de subir.
La question de la force mentale est ici posée. Jusqu’à quand un homme, aussi bon soit-il, ne peut-il plus intérioriser ? Est-ce un crime que de vouloir enfin vivre ?
Enfin, Josiane Balasko est tout simplement formidable dans son rôle de rombière comme elle sait si bien les interpréter.
Je vous conseille vivement de voir ce film, ainsi qu’une bonne partie de l’œuvre de Becker, même en commençant par son dernier film « La Tête en Friche » avec le très bon Gérard Depardieu.