Sympa ce film ; je connaissais pas le concept qui fait penser, en fait, à "Pleasantville" sorti 7 ans plus tard.
Le scénario est bourré de bonnes idées, des idées souvent délirantes comme il faut. Malheureusement la mise en place de ces idées peine à convaincre, en témoigne cette première rencontre entre le héros et la blonde héroïne. Le concept n'est pas toujours bien respecté non plus, il y a quelques facilités ou incohérences dans le scénario. La fin est vraiment très très nae, le happy ending n'est pas crédible une seule seconde dans la mesure où le héros n'a jamais flirté qu'avec une image et non une personne (heureusement, le héros n'a jamais vraiment essayé de contrôler cette image mais il n'empêche que ça reste un personnage calculé et non d'une caractérisation 'naturelle'), mais bon, ça passe parce qu'on s'y attend. C'est d'ailleurs un autre reproche : malgré des idées ingénieuses, des gags méta, une parodie de genre, il y a une structure bien trop convenue qui empêche le film de jouir d'envolées narratives.
La mise en scène participe également à ce freinage : ce n'est pas mal fichu globalement, c'est juste que le réalisateur ne parvient pas à jongler avec les éléments comiques. J'ai écrit sur cette première rencontre entre le héros et l'héroïne dans le précédent paragraphe, si cette scène ne marche pas c'est certainement aussi à cause de la mise en place scénique, il en va ainsi pour pas mal d'aurtes scènes. Même les acteurs ne sont pas vraiment convaincants : John Candy n'est pas au top de sa forme, la blondasse est fade, la brune est plus à l'aise ; ce sont les seconds rôles qui s'imposent le mieux même si on sent qu'ils sont limités par leurs personnages ; mais c'est peut-être cette sobriété qui les rend si bon, au moins ils ne débordent pas, ils ne cabotinent pas. Pour moi, le plus amusant, c'est Dylan Baker qui jouit du rôle le plus drôle : sa transformation est discrète (pas au niveau visuel des effets spéciaux, je veux dire que comme il s'agit d'un personnage secondaire, on ne l'affiche pas à la première occasion, du coup chaque apparition est un régal) et l'acteur s'efface complètement pour profiter de la situation désespérante de son personnage. La BO est assez peu intéressante : ça sent à fond les années 80 mais on dirait que la prod a choisi le moins bon de la décennie.
Bref, ça se laisse regarder, y a vraiment de bonnes idées mais le scénario aurait mérité d'être retravaillé et la mise en scène aurait dû être confiée à un réalisateur plus apte à filmer la comédie. "Pleasantville" est donc vachement mieux mais ce n'est pas pour autant que je déconseillerais "Delirious".