J’ai envie de l’apprécier ce film, d’une part car je le trouve plus élégant qu’il n’en a l’air, contournant systématiquement les coutumes de petit film français bien dans ses bottes, avec ses lignes de récit toutes tracées, ses tonalités de « comédie dramatique » sclérosées. Mais le film ne va nulle part. On pense qu’il transgresse quelque chose (doux dans ses enchaînements, peu enclin aux grandes plages musicales, doté d’aucun flash-back) mais il s’y prend mal, d’une part car on ne croit à aucune situation et donc à aucun personnage, tout manque cruellement de densité, d’autre part car le film est trop symbolique de cette crise du récit, il ne raconte rien, le drôle de triangle amoureux s’embourbe et finit en eaux de boudin. Manu Payet est toutefois excellent en écrivain dépressif, poivrot bedonnant en cure éternelle. Quand il disparaît du cadre, donc quand le film se concentre sur le jeune acteur qui joue son frangin (Et qui est assez mauvais, il faut le dire) on le cherche. Mais le problème est ailleurs à mon avis. Emma Luchini, fille de, adapte un roman de son mari et y filme entre autre son père. Difficile de créer son propre monde là-dedans. Mais il y a un ton, une vision, ou un embryon de ton et de vision. Curieux de voir ce qu’Emma Luchini fera ensuite aux commandes d’un projet plus conséquent et personnel.