J'ignore si la danse des sabres de Khatchaturian était aussi connue à l'époque, mais ce film lui emprunte bel et bien son rythme frénétique.
J'ai du mal à percevoir la structure de ce film foisonnant, mais il obéit à une certaine règle : chaque solution apporte son ou ses nouveaux problèmes. Le personnage central, incarné par un James Cagney fulminant, est un improvisateur génial qui mène son monde par la manipulation, et doit veiller à endiguer la multiplication exponentielle d'entraves à une promotion qui lui permettrait de quitter Berlin, ce nid de cocos et d'ex nazis.
Un metteur en scène qui doit gérer le chaos et mener sa barque à bon port, malgré qu'on lui a mis entre les pattes une jeune imbécile incontrôlable. Difficile de ne pas y voir Wilder lui-même, "control freak" paraît-il, auquel un producteur aurait pu imposer une actrice inexpérimentée qui n'en ferait qu'à son chignon. Le problème initial, introduire Coca-cola (l'autre or noir!) en URSS, est vite oublié.
S'ensuivent des allers-retours entre l'Allemagne de l'est et de l'ouest, alors que le mur de Berlin a été érigé pendant le tournage du film, et que Wilder a fait reconstruire la porte de Brandebourg dans une autre ville. Au passage sont dénoncés la culture de la surveillance généralisée et des procès truqués à l'est (entre autres), et l'élimination de Lumumba par les magouilles de la CIA au Congo.