Un espion de trop
5.8
Un espion de trop

Film de Don Siegel (1977)

"La route est longue avant de dormir"

C'est par cette phrase-clé extraite d'un poème de Robert Frost, que de paisibles citoyens s'en vont commettre des attentats contre des points stratégiques militaires américains. En réalité, ce sont des "cellules dormantes" infiltrées par les Soviétiques sur le territoire des Etats-Unis pendant la guerre froide, et qui sont réveillées 20 ans plus tard par une sorte de dissident apparatchik, mécontent de la politique de détente entre les 2 blocs Est et Ouest.
Dernier des 5 films du cycle Charles Bronson diffusés sur TCM, je l'ai revu avec plaisir, et pourtant il est mal noté et méprisé pour des raisons que je trouve injustifiées. Certes, on peut trouver quelques détails peu crédibles, une trop grande facilité pour le couple de héros à trouver les dormants ou les villes choisies par le dissident, de même que vu aujourd'hui, le film peut avoir pris un sacré coup de vieux, il faut donc recontextualiser tout ça, et je trouve que le scénario écrit par Peter Hyams et Stirling Silliphant est une idée de base intéressante. Il emploie la technique des agents dormants du KGB implantés sur le sol américain, à travers l'hypnose et la manipulation mentale déclenchée par téléphone, d'où le titre original du film Telefon, écrit à la russe, et bien mieux adapté que ce stupide titre français. Ce thème des agents dormants sera exploité également en 1982 par Yves Boisset de façon brillante dans Espion lève-toi, sauf que le contexte était européen.
Film de commande sans aucun doute pour Don Siegel, il est ancré dans son époque de réalisation, bien qu'en 1977, la guerre froide était déja loin ; mais Siegel entretient une certaine tension et un rythme bien dosé, ponctué par quelques explosions impressionnantes bien réalisées par les artificiers hollywoodiens, l'intrigue relativement plausible reste captivante, bref on se laisse prendre par l'action de cette solide série B où Charles Bronson change de registre et sort du créneau de ses rôles de justiciers, formant avec Lee Remick un duo d'agents efficaces, où celle-ci apporte une touche d'ambiguïté et de charme assez peu courante dans les films d'espionnage. Le reste du casting est très bon avec Alan Badel, Patrick Magee, Sheree North, Tyne Daly (qui venait de se faire connaître dans L'Inspecteur ne renonce jamais auprès de l'ami Clint), et surtout Donald Pleasance dans un rôle obsessionnel d'agent manipulateur plutôt flippant.

Créée

le 22 nov. 2021

Critique lue 426 fois

23 j'aime

5 commentaires

Ugly

Écrit par

Critique lue 426 fois

23
5

D'autres avis sur Un espion de trop

Un espion de trop
Docteur_Jivago
4

Les Soldats de l'Hiver

Alors que j'enchaînais du vrai bon cinéma avec Don Siegel, me voilà confronté à Un Espion de Trop, oeuvre très ancré dans son temps, celui de la Guerre Froide, où il est question des agents...

le 9 juin 2017

10 j'aime

7

Un espion de trop
Fatpooper
7

"No mustache, no Bronson"

Siegel se jette ici dans une pure série B au scénario improbable et aux scènes aussi explosives que la relation entre le héros et l'héroïne. Le scénario n'est pas aprfaitement cohérent, c'est même...

le 9 août 2014

5 j'aime

Un espion de trop
constancepillerault
7

Critique de Un espion de trop par constancepillerault

C'est un film qu'on pourrait qualifier de "film de guerre froide (es agents dormants conditionnés ont été placés là par les Soviétiques). Mais il a une originalité : celui qui les réveille est un...

le 12 juin 2020

4 j'aime

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Ugly
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

123 j'aime

98

Le Bon, la Brute et le Truand
Ugly
10

"Quand on tire, on raconte pas sa vie"

Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...

Par

le 10 juin 2016

98 j'aime

59

Gladiator
Ugly
9

La Rome antique ressuscitée avec brio

On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...

Par

le 4 déc. 2016

95 j'aime

45