Durant les années 80 Thierry Lhermitte jouera dans quelques polars très ancrés dans leur époque comme L'indic, Légitime Violence et donc Un Été d'Enfer, un thriller réalisé par Michael Shock maigrement connu pour son premier film Trocadéro Bleu Citron en 1978.
Thiery Lhermitte incarne ici un ancien pilote de motocross reconverti en photographe pour le compte de son oncle détective privé après un grave accident de circuit. Le beau brun ténébreux décide d'ailleurs de s'improviser lui même détective afin de retrouver la jeune sœur d'une cliente disparue depuis plusieurs mois.
Un Été d'Enfer est un thriller pavé de bonnes intentions mais qui glisse trop souvent vers l'excès et le ridicule pour vraiment être une réussite. L'écriture du film est trop bancal pour tenir la route et le trait bien trop épais pour ne pas sombrer dans certaines facilités et excès caricaturaux. Le côté chevalier solitaire sur sa monture mécanique qui devient justicier pour les beaux yeux de la jeune fille en détresse prête vraiment à sourire d'autant plus que la mise en scène n'y va pas vraiment avec le dos de la cuillère. Alors souvent le film sombre un petit peu dans le ridicule en jouant avec des images iconiques qu'il ne maitrise pas vraiment comme lorsque Philippe (Thierry Lhermitte) hurle de douleur et de désespoir en roulant à moto sur la plage déserte le tout sur fond de soupe disco-variétoche signé par François Valery, car oui cerise sur le gâteau un peu kitsch la musique du film est signé par le légendaire créateur de Aimons Nous Vivants. La relation entre ce détective privée improvisé et sa jolie cliente prendra aussi sans grandes subtilités ni surprises des allures de romance imposée et un peu tartignole.
Le film qui visiblement sera partiellement censuré à sa sortie propose tout de même une plongée assez sèche et violente pour ce quidam dans le monde de la nuit avec travestis, dealers, prostituées et trafiquants de toutes sorte. La première vraie confrontation de cet enquêteur débutant avec cet univers obscur et parallèle sera d'ailleurs assez brutal nous offrant la meilleure scène du film avec une séquence tendue et bien sèche durant laquelle le personnage interprété par Thierry Lhermitte sera roué de coups et contraint de s'enfiler de la cocaïne avec une double paille planté dans le nez. Le reste sera malheureusement bien moins percutant le film souffrant d'une enquête finalement bien peu palpitante, d'un récit qui s'éparpille un peu trop avec trafic d'armes et flics corrompus et de monstrueuses maladresses comme lorsque un type se fait tirer dans la jambe et meurt immédiatement en se tenant le ventre. Le casting est plutôt alléchant et les comédiens et comédiennes font ce qu'ils peuvent avec des personnages globalement très peu fouillés comme la pauvre Véronique Jeannot qui n'a strictement rien à défendre avec son personnage complétement passif et inerte de grande sœur désespérée et princesse perdue. Le constat est sensiblement le même pour Thierry Lhermitte et l'excellent Daniel Duval dont les personnages trop bruts de décoffrage et sans aucunes nuances traversent le film comme des pantins à peine rattachés aux fils de l'histoire. Vraiment dommage car sans rien inventer de nouveau ce petit thriller écrasé par le soleil du sud de la France avait un certain potentiel.
Un Été d'Enfer reste un produit de son époque et un assez triste représentant de toute cette vague de thriller et de polars français des années 80 qui sont nés sous la double influence des films américains et du succès du duo gagnant Guerre des Polices/La Balance. Le film de Michael Shock prendra peut être une certaine valeur à mesure que son charme désuet transformeront ses encombrants défauts en douces maladresse, en attendant difficile de ne pas comprendre pourquoi le film a un peu sombré dans les limbes de l'oubli.