Dernier film de Robert Mulligan, qui a 66 ans va encore mettre en scène son sujet de prédilection, l'adolescence. Sur le papier "Un été en Louisiane" a tout du film mièvre et sirupeux. Un teen movie sur une romance passionnelle à la campagne dans un cadre idyllique et dans une famille modèle américaine. Un vrai film d'amour adressé à un public essentiellement féminin et fleur bleue, que l'on se complait a regarder au fond d'un canapé sous une couverture par un jour pluvieux.
Mais "Un été en Louisiane" a deux atouts qui le feront éviter de tomber dans la mièvrerie. Son réalisateur, fin connaisseur de son sujet, à qui l'on doit quelques chef d'oeuvres comme "Du silence et des ombres" , "L'autre" ou "Un été 42". Et la révélation d'une jeune actrice de 14 ans, dont c'est le premier film, Reese Witherspoon, avec un jeu incroyable de spontanéité.
Mulligan ne se contente pas de raconter une histoire d'amour passionnelle, il travaille ses personnages, leurs donne des failles et créé des tensions entre eux. Va jusqu'à brouiller les pistes, le film commence ainsi à dresser le portrait de Maureen, la belle grande soeur, dépeignant une fille pour qui l'amour est synonyme d'harcèlements continuels de la part des hommes. Le développement du personnage principale de Dani ne viendra qu'en seconde partie, avec un regard infiniment juste sur la fin de l'enfance et les premiers émois d'une fille qui panique face aux sentiments qu'elle éprouve malgré elle pour le jeune voisin Court. Lui-même aussi bénéficie du beau traitement d'un jeune homme séduisant, mais en panique devant la jeunesse et la hardiesse de sa prétendante. Et le scénario va devenir Shakespearien lorsque enfin Court va rencontrer Maureen formant un triptyque amoureux digne des grands classiques du théâtre.
Robert Ebert, le grand critique américain, n'hésitera pas à qualifier le film comme la meilleure réalisation de Robert Mulligan. Pourtant ce film n'est que très moyennement reconnu, surtout en Europe, où sont coté fleur bleue très américanisé n'a pas convaincu les critiques de ce coté de l'Atlantique.
Il existe une version censurée du film plus courte de 6 minutes, exploitée pour les compagnies aériennes. Le réalisateur outré par cette version dénaturée retira son nom du générique pour le pseudonyme R. Duffy.