Stupéfiant ? Pas jusque là quand même, mais ce film sans prétention a déclenché chez moi tout un arc en ciel d'émotions juvéniles, comme être prêt à me sacrifier pour ce genre d'objet mal identifié qu'à l'âge de l'acné on appelle nana...
En général, les films qu'Arte diffuse en pleine nuit ne sont pas des tops du box-office, et pourtant, il en est qui créent parfois la divine surprise, comme celui-ci que j'avais enregistré sans rien en savoir...
Tout y est original, surprenant, adorable, enjoué, tantôt inquiétant, tantôt réconfortant...et la mayonnaise prend comme seuls les grands chefs savent en faire... avec le bec de canard.
Je ne vous dirai pas que c'est un road-trip mais en adorateur de la langue française un périple burlesque vers le lac de Constance.
Dû à l'inventivité malicieuse et créatrice de Roland Hablesreiter, un scénariste qui ira loin... et co-écrit avec le réalisateur Marc Schlegel 39 ans, allemand...
Dont j'attends avec impatience de voir une autre mise en scène car on ne le connaît guère
Les deux complices n'ont pas dû voir la version du "Triporteur" de Darry Cowl, car dans ce voyage ré-inventé, et prétendument rémunérateur que ces fugitifs accomplissent, pas de grosses américaines à la façon Thelma et Louise, mais un bête engin à trois roues, sorte de pick-up où au mépris du code de la route, un handicapé en fauteuil prend la place de la marchandise !
Pour une fois, il ne servira pas d'alibi à des scènes pathos, mais au-contraire marrantes.
Au point même que je me suis demandé si l'acteur jouant les PMR ne l'était vraiment ,tant on croit à son rôle !
Ca démarre un peu lentement et on serait tenté de redouter un film sur les méfaits de la drogue...
Il n'en est rien, et le parcours du combattant qui va se dérouler sous vos yeux fourmille de gags, d'évènements inattendus, de personnages déjantés ou hors du commun...
Question casting, tous ces inconnus ont une présence formidable, convaincante, surtout celui jouant le personnage de l'adolescent un peu niais, coincé, emprunté et mal à l'aise devant ces nanas boutonneuses. Tout ce que j'étais à cet âge stupide...
La musique est à la hauteur de cette balade guillerette, tout comme le décor et on entre sans s'en rendre compte dans cette fable...
Le seul reproche qu'on pourrait tenter, c'est que le romantisme ambiant ne se rapproche pas un peu plus des audaces de la réalité : les enfant d'Eros sont adorablement maladroits dans leurs premières démonstrations et cet aspect n'est peut-être pas suffisamment exploité comme ça aurait pu l'être.
Bref une très belle réussite de Marc Schlegel porteuse d'une morale : "A toute chose malheur est bon."
Incroyable quand même que ce que les filles peuvent susciter chez les garçons !
A voir si ce petit bijou repasse sur vos écrans mais il est encore accessible sur le net quand j'écris ces lignes !
Arte le 05.05.2022-28.12.2023-