Cette comédie caustique joue la carte de la satire sociale parfois féroce mais néanmoins joyeuse, en rappelant étrangement les films de Frank Capra ; car Landis fait preuve peut-être de moins de subtilité mais y caricature à tour de gags les milieux boursiers, la lutte des classes et l'aristocratie. Il utilise la même verve que dans les Blues Brothers, c'est drôle et inventif, même s'il y a quelques grosses ficelles, le rire est iconoclaste et souvent désopilant grâce à une excellente interprétation : les 2 vieux requins de la finance incarnés avec saveur par Don Ameche et Ralph Bellamy, la rayonnante Jamie Lee Curtis, et bien sûr le duo Aykroyd / Murphy qui en fait des tonnes.
A ce propos, la partie la plus "relâchée" on va dire, celle où Landis laisse un peu en roue libre ce duo fumant est celle de la longue séquence du train, où les situations sont parfois à la limite du bon goût, mais toute la première partie est très réussie, celle où Landis troque un costume 3 pièces contre quelques oripeaux puants, quand Aykroyd enfile les hardes de Murphy, et que le sans-abri se retrouve dans les draps de soie du surdiplômé à cause d'un pari stupide de 2 filous millionnaires. C'était le second film d'Eddie Murphy qui venait de triompher dans 48 heures, il était dans une embellie entre 1983 et 85 puisqu'il enchainera ensuite avec le Flic de Beverly Hills, et ici il est très tonique ; il est d'ailleurs préférable de voir le film en VOST pour son fantastique débit vocal, même si sa voix française, Med Hondo ne démérite pas. Une fable moderne sur l'argent et son pouvoir, mais vue sous un angle comique.