Un flic à la maternelle, c'est un film que j'ai vu plusieurs fois quand j'étais gamin, ma mère-grand me l'avait enregistré sur VHS. Par contre, c'est pas le genre de film que j'aurais été enclin à voir en étant plus âgé. Pourtant, quand je me suis intéressé récemment aux films d'action des 80's, après avoir vu une compilation des répliques d'Arnold Schwarzenegger, j'ai envisagé de revoir ce film-ci, une fois que je serais arrivé à cours de bons films mettant en scène l'ex-Mister Universe. Je ne l'ai pas fait, mais le hasard a voulu que le DVD du film fasse partie d'un lot que mes parents ont acheté, et une fois que j'ai eu le DVD en main, j'avais assez hâte de revoir ce film.
(par contre, le film était en 4/3 ; il semblerait qu’il ne soit dans son format d’origine que sur un coffret 3 DVD anglais, comprenant aussi True lies et Jumeaux).

Un flic à la maternelle a beau être une comédie familiale loufoque, l’intro, si on excepte ce générique de début écrit au Crayola, ferait presque croire à un vrai film d’action de l’époque, grâce à une mise en scène adaptée misant sur le suspense, et une superbe musique d’ambiance propre au genre. En plus, Schwarzie a un air de badass avec ses lunettes de soleil, son long manteau, et une barbe inattendue mais bienvenue, qui renforce son côté de dur à cuire, si bien qu’on se demande pourquoi on ne l’a pas vu barbu plus souvent au cinéma. L’attitude je-m’en-foutiste de son personnage, John Kimble, qui va de pair avec ses répliques et réparties bien senties, est purement dans la veine des films d’action 80’s aux héros au dessus des lois. Des fusillades, des morts, du sang, … tout est fait pour qu’on y croie, malgré un duo de méchants un peu décalé, formé d’un look-alike de Crispin Glover, avec la même coupe de fils à sa maman (et le personnage s’appelle Crisp, c’est à se demander si l’acteur de Retour vers le futur n’était pas prévu pour le rôle à l’origine), et de sa maman, justement. Mais je ne trouve pas que ces antagonistes décrédibilisent le sérieux de cette partie "film d’action", au contraire, ça ajoute une dose d’originalité.
Le fait que les scénaristes et le réalisateur aient pris autant à cœur la reproduction de ce type de film rend meilleure la confrontation du héros badass avec des enfants. L’idée du scénario qui mène à ce concept farfelu est pas mal : pour condamner un trafiquant de drogue, Kimble doit retrouver son ex pour qu’elle témoigne, et il pense procéder en retrouvant le fils du criminel. Etant donné que Kimble connaît l’école mais pas l’identité de l’enfant, sa collègue doit intégrer l’établissement en tant que professeur remplaçant, mais étant malade, c’est Kimble qui doit remplir ce rôle finalement.
Voir Schwarzie contre des petits monstres de 6 ans, c’est encore plus drôle que le début du film. Il a beau être un tas de muscles qui s’occupe des criminels sans problème, il ne sait comment gérer des enfants surexcités.
L’un des enfants en particulier n’arrête pas de dire des choses négatives, il semble obsédé par la mort et les maladies. "I got a headache" – "Maybe it’s a tumor".
Un autre ressort comique qui produit un bon nombre de gags amusants, c’est l’excitation des mères célibataires qui voient ce nouveau prof tout en muscles.

John Kimble cherche des façons de découvrir quel est le fils du trafiquant, il demande notamment à chaque enfant quel est le métier de leur père, et obtient des réponses très drôles de la part des ces gamins de 6 ans.
Kimble oublie assez vite son objectif, il se prend d’affection pour ces enfants, et finit par vraiment faire son boulot de prof. On voit alors un Schwarzie qui fait la lecture, ou qui joue du ukulele avec un chapeau de paille en chantant "Old MacDonald had a farm" (véridique).
Dans ce type de film, les scénaristes sont voués à produire un changement positif chez le personnage principal de gros dur, qui s’adoucit ; c’est dommage qu’Un flic à la maternelle ne fasse pas exception, mais en même temps le film en avait besoin.
Le film parvient quand même, étonnamment, à être plutôt touchant, quand John évoque son fils, ou essaye d’expliquer ce qu’est le divorce aux enfants ; même les discours qui pourraient paraître niais fonctionnent, grâce à l’interprétation suffisamment juste d’Arnold.
Une des bonnes idées qui sert à montrer une évolution chez Kimble, c’est de le faire s’intéresser à un enfant qu’il pense être celui qu’il cherche, mais il découvre que son problème est tout autre, et s’implique tout de même pour le défendre. Et dans un même temps, cela brouille les pistes, et on se demande, tout comme Kimble, qui peut bien être l’enfant du criminel.
Le film arrive à jongler entre plusieurs intrigues et plusieurs genres, se permettant une sous-intrigue romantique, et une autre abordant un thème un peu plus grave, tout en gardant un bon équilibre. On passe sans problèmes du rire à des moments plus sérieux, notamment avec cette fusillade finale, angoissante.
Mais j’ai été particulièrement surpris par le fait que le film prenne le parti de montrer, le temps d’une scène, le trafiquant comme un père qui, malgré tout, aime son fils, qu’il n’a pas vu depuis des années. On sent véritablement son désarroi quand il se rend compte que sa progéniture ne le reconnaît pas ; l’acteur offre une performance sérieuse, crédible, et j’ai trouvé ça vraiment fort que le film le lui en donne l’occasion.

Un film pareil ne pourrait pas se faire aujourd’hui, et même si c’était le cas, ça ne serait pas du même niveau. J’ai l’impression qu’Un flic à la maternelle vient d’une époque où même quand on faisait des films avec un principe aussi débile que celui-là, on le faisait bien. J’ose le dire sans honte, Un flic à la maternelle est un bon film, mésestimé, la répulsion que l’on peut avoir pour son concept crétin empêchant peut-être de voir les qualités de ce long-métrage.
C'est un film qui a besoin d'être réhabilité !

PS : Je crois que c'est le premier film que je vois où le personnage de Schwarzenegger vient d'Autriche, comme lui ; en général, on cherche toujours à lui attribuer un nationalité différente, ou alors on ne mentionne même pas son accent étranger.

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le 22 déc. 2013

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Wykydtron IV

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