Metteur en scène à demi ambitieux, Yves Ciampi était médecin avant de se lancer dans le cinéma. Il nous décrit donc un milieu qu'il connait parfaitement, et le couple avec une description du patronat.


C'est un film assez osé, il y a quelques plan assez audacieux pour l'époque (la greffe du rein, la danse de jeunes filles aux seins nus), bien que la mise en scène soit un peu scolaire et manque parfois d'inventivité. Il y a toutefois un plan d'ouverture durant le générique qui est assez bien senti. On nous introduit dans la clinique, on en fait le tour, ça nous invite efficacement dans cet environnement, ce contexte.


Le vrai défaut du film, c'est qu'il est un peu surchargé scénaristiquement. Le cinéma "qualité française" de l'époque avait en effet cette tendance à croire que pour faire des films ambitieux il fallait des scénarii complexes. On aurait pu se passer de l'intrigue autour des gamins pour se concentrer plus sur la vie du grand patron, chirurgien génial, sa relation avec sa femme, avec son protégé qui est destiné à lui succéder sans qu'on lui ai demandé son avis etc. Les personnages doivent être introduits et cernés rapidement si on ne veut pas que le spectateur s'ennui avec toutes ces intrigues entremêlées. Il y a ainsi quelques moments rentre dedans qui tombent un peu dans le ridicule, notamment autour du personnage de Jean-Claude Pascal.


"Un grand patron" possède heureusement d'autres atouts qui le rendent tout à fait appréciable. Il y a malgré tout des moments de fulgurance dans la mise en scène. La tension lors de la scène de tentative de réanimation est parfaitement maîtrisée. On en ressent très bien l'intensité. Les dialogues de Pierre Véry sont assez mémorables par moment, notamment dans la scène d'engueulade entre le grand patron et son filleul. Il y a plusieurs échanges très marrants bien aidés par la drôlerie de l'interprète principal, l'excellent Pierre Fresnay dont on ne dira jamais assez de bien. Et surtout on ressent une certaine vérité dans ce que décrit Ciampi. Les magouilles dans les milieux bourgeois, les fêtes entre étudiants en médecine, il y a beaucoup de vérité dans ces moments là.


Au final, on a un film qui se veut percutant, et qui ne parvient qu'à être un film qui amuse. Que ce soit volontaire ou par ses quelques moments de ridicule. Et au milieu de ce sentiment d'amusement qu'on ressent lors du visionnage interviennent quelques moments intenses et marquants qui sont à saluer.

grisbi54
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le 26 sept. 2020

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