Un très mauvais événement
Il est certainement dur de se dire après avoir fait un film comme "Le premier jour du reste de ta vie" que tout les regards sont portés sur soi et que beaucoup y voit le renouveau du cinéma francais. Tout autant qu'il est facile d'enchaine sur un mauvais film.
"Un heureux evenement" avant d'être sujet traité cent milles fois et par conséquent plus très intéressant, c'est aussi un bon livre. Je le conseille vivement au delà du simple principe de "Je vais vous raconter ce que c'est d'avoir un enfant comme personne ne l'a fait auparavant".
Il était très étrange que Rémi Bezancon s'attarde sur ce livre et décidé d'en faire son prochain film. Certes cela demeure dans la continuité de sa filmographie, mais le style acerbe et cynique du livre paraissait bien mal en accord avec ses choix habituels de réalisation.
Du coup, "Un heureux évenement" n'en tire que de l'oeuvre originale que des ficelles, quelques miettes, si ce n'est à proprement parler juste le principe de base.
Car bien vite, Bezancon fait du Bezancon. Poussé à l'extrème. Voir à l'impardonnable.
Dès le début on a droit à une voix off trop explicative de Louise Bourgoin.
Moi qui pensais qu'après Ma vie en l'air, il n'en avait plus besoin, voila qu'il retourne la chercher, un peu désolé de ne pas avoir su s'en passer comme il l'avait fait précedemment.
Cette narration, elle est illustrée des clichés, des cartes postales, des stéréotypes qui figurent sur les plus belles pubs du catalogue La Redoute. Les décors paraissent bien trop idéaux tout comme la lumière qui est trop lisse, bien trop lumineuse. Et ce qui paraitrait presque original, n'a rien clairement rien à foutre la. La scène de rencontre avec les DVD aurait pu être amusante dans un film de Jeunet, mais se confrontant à un univers qui n'utilisera jamais la poésie et la fantaisie, elle parait bien peu crédible et terriblement pas à sa place.
Chaque minute, j'ai esperé que le film se reprenne et part enfin dans la bonne direction. Mais face à un scènario ou chaque dialogue est plat, sans humour et sans sens véritable, le désespoir prend vite pied. Mieux encore, la ou le livre original tenait des propos intéressants comme la différence entre l'image de la femme enceinte dans les années 70 et les années 2000, Bezancon en a tellement rien à foutre qu'il va même jusqu'à montrer que tout les personnages secondaires en ont rien à battre quand l'héroine tente de le raconter.
Même les coups de mise en scène pur et dur paraissent affligeant. Quand l'héroine perd les eaux, quoi de mieux que d'imaginer une scène sous marine...
Et pour les modèles 3D du foetus, faudra qu'on m'explique l'interêt.
Grossomerdo, Rémi fait un film surfait, qui parait à cent lieues de l'ordinaire qu'il dépeignait avec brio dans "Le premier jour...". Il est surtout étonnement lourd en faisant de la narration de bande annonce. Tout est très mal expliqué, transparent, rien n'est dans la finesse.
On ne peut décemment pas attribuer les causes de naufrage uniquement sur la personne de Louise Bourgoin qui essaye de faire de son mieux pour que son role soit dans les exigences demandées. On remarquera quand même qu'elle parait bien faible en comparaison de Thierry Frémont et Firmine Richard arrivant chacun a tirer leur épingle du jeu (mention spéciale à cette dernière qui illumine le temps de ses courtes scènes).
La ou ca devient grave, c'est qu'on en sort en se disant, non seulement, que même peut être Knocked Up (En cloque mode d'emploi, de Judd Apatow) était peut être plus juste en racontant les déboires d'une femme enceinte, mais qu'en plus rien n'a réussi à être touchant d'une manière ou d'un autre.
Bezancon se repose tellement sur l'émotion de son sujet que cela en devient honteux.
Il y'avait un mince espoir qu'il soit le Truffaut de notre génération; cet espoir est définitivement brisé.