"Un homme à genoux" n'évolue pas vraiment dans la même catégorie de cinéma politique que les plus grandes réussites de Damiano Damiani (attention aux titres à rallonge) comme "Confession d'un commissaire de police au procureur de la République" (1971), "Nous sommes tous en liberté provisoire" (1971) ou encore "Comment tuer un juge" (1974). C'est clairement du cinéma à forte connotation sociale, avec une dimension pamphlétaire qui en l'occurrence ici s'attaque à l'emprise de la mafia sur la société italienne, mais peut-être qu'il manque un Franco Nero en haut de l'affiche pour insuffler davantage de vigueur à la démonstration. J'ai souvent eu la sensation d'être devant un téléfilm de luxe, la faute sans doute à ces éclairages disgracieux proto-80s.


Mais Giuliano Gemma n'est pas non plus à côté de la plaque dans le rôle d'un ancien malfrat qui se découvre un jour une conscience, décidé soudainement à rentrer dans le rang et mener des affaires légales. Damiani apporte beaucoup de soin à la description de l'atmosphère dans les petites rues de Palerme, et c'est dans cette ambiance vaguement documentaire que se déploie la narration, avec une association malheureuse malgré lui à une affaire criminelle qui le dépasse et dont il ignore tout : il passera tout le film à en remonter la piste pour comprendre pourquoi un tueur à gages veut sa peau. C'est dans cette optique un film sur la résurgence du passé, puisque le protagoniste sera contraint de renouer avec un mode de vie qu'il avait abandonné pour espérer se sortir d'un tel traquenard. Dure vie que celle de l'homme dont le nom a été placé sur la hit list de la mafia...


Peu à peu se profile l'élément central du portrait : la ténacité (physique et morale) du héros, lui qui refusera toute concession et toute compromission. L'affrontement final semble presque inévitable, même si les derniers moments contiennent un retournement de situation surprenant (petite facilité scénaristique aussi, puisque le parrain se mouille himself, ce qui est peu vraisemblable), et il y a énormément de désespoir dans la lutte entre ces deux esclaves.

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le 26 sept. 2024

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Morrinson

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