Conscience sociale
Touchant film, en marge d'un conflit social, avec une réflexion sur le pouvoir des images. Un jeune mineur troublé par la mort de son copain va-t-il succomber à la tentation de la vengeance par...
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le 23 sept. 2021
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Touchant film, en marge d'un conflit social, avec une réflexion sur le pouvoir des images. Un jeune mineur troublé par la mort de son copain va-t-il succomber à la tentation de la vengeance par l'action directe, ou laisser sa chance à l'illusoire pouvoir d'un film fait de bric et de broc ?
Derrière cette intrigue, on touche du doigt les sociabilités ouvrières, cette foi dans l'action collective et le syndicat qui manque tant aujourd'hui, ces conditions de vie frugales, cette difficulté à maintenir l'unité pour réclamer une augmentation, et les rapports de force entre personnes qui découlent. C'est bien, c'est juste, et s'il faut un peu de temps pour s'attacher aux personnages, c'est que le film ne cherche pas le spectaculaire mais se place à hauteur d'homme, dans la grisaille de Brest en cours de reconstruction.
Il y a une utilisation discrète mais efficace de la 3D dans certains plans. J'aime bien cette esthétique "ligne claire" avec de gros contours bien nets, même si les visages semblent peu expressifs. Le doublage est très réussi, les ambiances sonores sont assez travaillées.
La musique distille l'ambiance sans se mettre au premier plan, avec de la contrebasse, des violons, de l'accordéon, c'est classique.
Un homme est mort est un beau moyen métrage d'animation pour ceux qui ont besoin de rebooster leur volonté de se battre et leur conscience sociale. C'est au fonds un film performatif, qui réalise ce dont il est le sujet auprès de ses spectateurs.
Et sous le quinquennat Macron, ça, ça n'a pas de prix. ça nous rappelle que dans la brutalité à réprimer les mouvements sociaux, la droite du XXIe siècle n'a rien inventé.
Synopsis
1950, une grosse grève se prépare à Brest pour protester contre des arrestations de militants communistes. Le préfet prend des mesures drastiques en interdisant sur le moment la manifestation qu'il avait au départ autorisée. On les nasse et on les gaze. Dans la panique, un officier de police fait pointer les fusils sur la foule. La situation dégénère : il y a des blessés, et un mort, Edouard.
Tous les ouvriers sont sous le choc, notamment P'tit Zeff et sa fiancée, Paulette. Un cinéaste, René, filme la grève. Ptit Zeff et son ami Désiré lui font un tour de la ville, que René ne reconnaît pas : les ouvriers sont en train de la reconstruire, pour des clopinettes. Mal accueilli au départ, René filme des piquets de grève. Il filme les policiers en arme qui occupent les docks. Il ne filme pas la veillée funèbre. P'tit Zeff croit en la violence, pas dans la force des images. Il se fritte avec Désiré à ce sujet de retour du bistrot. L'enterrement a lieu. René enregistre le poème "Un homme est mort" de Paul Eluard, pour le plaquer sur le film, en replaçant Gabriel Pieri par Edouard.
Le film est monté. Le syndicat organise des projections dans tout Brest. Le film remonte le moral des grévistes, même si tout le monde crève de faim. Le film tourne au-delà de Brest. Zeff remâche ses idées de vengeance sur les flics. Il a un pistolet. Désiré le surprend s'entraîner : honteux, il jette l'arme. Il remplace René qui a une extinction de voix. Ne sachant pas bien lire, Zeff improvise et c'est très touchant. René l'a enregistré en douce.
Le film est endommagé, mais René fait écouter l'enregistrement de Zeff à Paul Eluard, qui reste muet d'émotion, avant de dire "Laissez un vieil homme se remettre de l'émotion d'entendre de son vivant un de ses poèmes digéré par le peuple". On revient à Brest. La grève va se terminer, les salaires vont être révisés.
Vu en libre accès sur le replay d'Arte : Un homme est mort
Créée
le 23 sept. 2021
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