Bad day at Black rock est intriguant d'entrée. On a d'emblée le sentiment d'être hors du monde, dans une zone de non-droit fantomatique avec ce train qui soudainement s'arrête au milieu de nulle part, contrairement à ses petites habitudes depuis des années, dans un bled coupé de tout.

Formellement, la force du film réside dans le contraste inattendu entre les réactions agressives de tous face à l'arrivée de cet étranger pourtant affable, dont on sent pourtant illico qu'ils le perçoivent comme une menace. On est évidemment perplexe parce qu'en plus de sa courtoisie, l'invalidité de ce vieux monsieur peut difficilement l'amener à constituer un péril. Tout est nimbé de mystère car pour ne pas faciliter les choses, l'étranger ne précise pas d'emblée pourquoi il a trouvé agréable de bien vouloir s'arrêter dans un endroit aussi sympathique... Évidemment, on comprend assez vite les raisons du malaise environnant, mais le film maintient son mystère un petit moment, suffisamment pour se rendre accrocheur. Puis il s'applique à confirmer des faits qu'on pressent dès l'exposition passée.

Mais le grand intérêt de Bad day at Black rock, c'est aussi qu'il dénote pour son côté critique vis-à-vis du comportement des américains, et vis-à-vis du fanatisme patriotique. Et en ce sens, le film a un message politique largement intemporel, qu'on s'étonne de voir porter à l'écran par un grand studio en 1955. C'est d'autant plus étonnant que John Sturges fait partie des - très grands - réalisateurs à avoir magnifié le far west, et amateur du cinéma grand spectacle prototypique du Hollywood de ces années. Qu'il est également mis en œuvre ce film largement engagé, et multi-récompensé à l'époque, fait de Bad day at Black rock un film incontournable, en plus d'être un classique.

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