Je ne comprends pas pourquoi cette magnifique mais ô combien tragique histoire a été à ce point décriée par les critiques. Personnellement, j'ai rarement autant été ému par un film. Etant un admirateur inconditionnel de Monsieur Belmondo, j'ai trouvé, contrairement à la majorité de ses fans, que ce rôle, à contre-courant de ses aventures passées, est l'un de ses plus beaux personnages, si ce n'est le plus beau. Et il l'interprète avec une telle justesse qu'il m'a été impossible de ne pas être touché par l'errance et la solitude de cet homme triste et désespéré, qui n'attend plus rien, et qui n'a pour véritable ami et réconfort que son fidèle compagnon "chien". Son chien, adorable, loyal, dont l'affection spontanée et sans calcul le maintient en vie.
Je ne pleure jamais, que ce soit en regardant un film, ou dans les scènes les plus rudes et tragiques de mon existence. Pourtant, je n'ai pas pu contenir mes sanglots à chaque désillusion qu'affronte le personnage de Charles, dont le regard désenchanté et amer bouleverse tout en ayant une dignité désabusée qui brûle froidement et tristement au fond de ses yeux clairs, ses yeux au reflet hivernal, qui paralyse les coeurs meurtris.
Plus personne ne le regarde réellement pourtant, il le sait, et malgré cet ostracisme injuste mais inévitable, il ne reproche rien à personne, il sait qu'il n'est plus qu'un figurant invisible dont plus personne ne se préoccupe réellement, pas même la jeune Leïla qui a seulement besoin d'un confident, mais qui, en retour, ne cherche nullement à le comprendre réellement. Charles n'est pour elle qu'un miroir à qui confier ses peines de coeur, mais dont l'humanité est niée sans qu'elle ne s'en rende réellement compte, trop centrée sur ses souffrances personnelles. Elle lui parle de cet enfant qu'elle attend, lui dont la vie n'a plus aucun sens et pour qui la mort étale en riant un manteau d'hermine sur sa pauvre tête...
Mais son chien est là. Son chien est attentif. Son chien est le dernier à l'aimer et le dernier à le considérer. Les deux n'ont plus que l'un pour l'autre.
La fin du film est grandiose. Le film aurait pu céder à la facilité avec une fin relativement conventionnelle, mais Francis Huster (que je trouve pourtant, en temps normal, niais et insignifiant) a su garder pour son film une fin crédible, qui n'en est donc que plus déchirante. Ce plan final est sublime.
Bref. Le plus beau film français qu'il m'ait été donné de voir jusqu'à ce jour. Merci Monsieur Huster, merci Monsieur Belmondo. Le chien n'est pas le meilleur ami de l'Homme pour rien.