La vertu de la persévérance... Ou, avec un peu moins de grandiloquence dans le ton, les surprises qui peuvent émailler des parcours plutôt masochistes. La filmographie de Claude Lelouch ne m'avait jamais particulièrement interpelé jusqu'à présent, à une exception près avec Lino Ventura au début des années 70 (La Bonne Année), et voilà une histoire romantique toute bête qui m'a cueilli sans crier gare, par la seule alchimie des deux protagonistes Belmondo / Girardot. Un sentiment troublant, chez le cinéphile endurci au cœur de pierre, qui se fait rare. De plus en plus rare.


En marge d'un tournage hollywoodien, après avoir décrit de manière indépendante et très évasive les deux profils, deux personnages ponctuellement isolés se retrouvent et se rapprochent. Un compositeur, une actrice. Le scénario peut sur le papier faire penser à un autre film de Lelouch, Un homme et une femme, mais il ne m'avait à aucun moment séduit. Ici, la passion que semble vivre le couple se communique avec douceur et vigueur, avec un sens du naturel qui m'a impressionné, et avec une note d'amertume vivace bien que légèrement forcée sur la toute fin. Leur idylle à travers les États-Unis, avec quelques passages onirico-surréalistes (dont celui où des Indiens les pourchassent lors d'une virée en voiture), traîne en longueur de la même façon que ces rencontres que l'on voudrait ne jamais voir se terminer. À mi-chemin entre les amants et les touristes, partagé entre les mensonges aux conjoints, la soif de découverte et l'attirance grandissante, une alchimie à ses balbutiements naît sous nos yeux.


Dans le cadre de cet Ouest américain si connu, la mélancolie des relations a priori impossibles tisse le fil des complications sentimentales et adultères avec autant d'artificialité que de sincérité. Alors qu'ils semblent un peu paumés entre la peur et le désir, dans une retenue très appréciable, le naturel se fait peu à peu une place confortable. Un naturel vraiment étonnant chez les deux acteurs pour rendre compte de leur relation condamnée à l'échec avec une justesse très surprenante dans la peinture de cet état d'esprit, une sorte de fragilité au hasard des rencontres, perdue au milieu de décors de cartes postales.


http://www.je-mattarde.com/index.php?post/Un-homme-qui-me-plait-de-Claude-Lelouch-1969

Morrinson
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le 27 janv. 2019

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Morrinson

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