Jouer c'est tuer

Après Le Rocher d'Acapulco, thriller sulfureux sorti en 1996, Laurent Tuel s'attaque au cinéma de genre en réalisant Un Jeu d'enfants, premier film fantastique produit par la maison de production Bee Movies. Interprété par deux acteurs de talent, le film s'intéresse au quotidien de plus en plus étrange d'un couple parisien et surtout de ses deux enfants après que les anciens habitants de leur appartement y ont fait une visite surprise. À partir de là, leur existence monotone va devenir un vrai cauchemar...

Madame commence à soupçonner ses enfants de vouloir sa mort tandis que Monsieur a des hallucinations de plus en plus prononcées. Est-ce que Madame ne referait pas une nouvelle dépression ? Est-ce que les enfants seraient vraiment devenus diaboliques ? Ce vieux couple est-il réellement passé à l'appartement ? Le film s'enfonce dans l'étrange, dans le perpétuel questionnement et risque pour cela de perdre le spectateur. Car le problème avec les films fantastiques français, c'est qu'ils possèdent une très bonne histoire mais ont du mal à les présenter. Pour preuve, Tuel n'arrive pas à allier bizarrerie macabre et limpidité à l'écran, offrant malheureusement des séquences souvent incompréhensibles. Dommage.

L'interprétation reste pourtant impeccable (notamment les deux jeunes acteurs), la mise en scène à proprement parler également et la courte durée du film permet de pas trop sombrer dans l'ennui. Manque donc une certaine cohérence dans la présentation des scènes proposées et un rythme plus soutenu, moins bordélique, moins approximatif. Boudé par la critique, Un Jeu d'enfants est pourtant une réelle curiosité fantastique bien de chez nous qui, en dépit de ses défauts, reste un long-métrage intéressant, maladroit certes, mais qui échappe à la routine des films de genre qu'on a l'habitude de voir.