A la suite d’une partie très lucrative de poker, Gatsby Welles décide de suivre sa petite amie Ashleigh Enright dans le périple qui l’emmène à New York pour un week-end, afin de réaliser une interview auprès d’un réalisateur à succès. Natif de la grosse pomme, le jeune homme se réjouit de faire découvrir la ville à sa dulcinée. Marquée par une série de péripéties, l’escapade romantique telle que prévue par Gatsby prit une tournure plus qu’inattendue.
Ce retour aux sources permet à Woody Allen de réaliser, entre hommage et satire, un double exercice critique porté sur la classe supérieure de Manhattan, qu’il connaît si bien, ainsi que sur les clichés de l’expérience new-yorkaise. L’auteur parle au travers du personnage de Gatsby Welles — illustre descendant du rôle l’intellectuel juif qu’il ne peut désormais plus endosser — utilisé avec malice comme prétexte à la réflexion sur les métamorphoses contemporaines de sa ville tant aimée.
" You’re gonna like Soho, it’s filled with creative people. Then it got commercially expensive, so all the creative people moved to Tribeca. Then that got expensive, so they all moved to Brooklyn. Next move is back in with their parents.”
Non sans dédain, Gatsby retrouve ses camarades d’enfance devenus de jeunes adultes orgueilleux, bien incapables de formuler une phrase sans y placer une référence à leurs études, de nous épargner ces quelques notes de piano jouées dès qu’un instrument se trouve à leur portée, ou bien même de situer une université localisée en dehors des remparts de Manhattan.
“ Where the hell is Yardley, Afghanistan?
- Upstate.”
Woody Allen navigue une nouvelle fois au travers de cette classe supérieure nombriliste, dans laquelle Gatsby Welles ne se reconnaît plus. Une vision rétrospective, cependant, qui pose son regard sur cette période particulière qui caractérise la fin de l’adolescence et le passage à l’âge adulte.
De l’autre côté de la ville, Ashleigh Enright ne parvient pas à suivre son planning. Débordée malgré elle, la jeune fille fait le plein de rencontres, s’aventure dans les soirées les plus chics, découvre non sans risques les joies de la plongée vers l’inconnu. Une illustration marquée par l’absurde de l’argument clé de vente de la ville qui ne dort jamais.
“One thing about New York City: you are here or you are nowhere. You cannot achieve this level of anxiety, hostility and paranoia anywhere else. It’s really exhilarating.”
Le ton léger et burlesque de cette comédie, parfois proche du vaudeville, est peut-être ce qui déplut à certains. Marqués par une certaine cohérence, les éléments narratifs comiques, tantôt mélancoliques et parfois absurdes, forment pourtant la force du récit. Alors non, A Rainy Day in New York n’est pas un film foncièrement mauvais, mais plutôt une comédie faussement sérieuse.