Un jour sans fin est certainement un film qu’il vaut mieux avoir découvert dans son adolescence, pour pouvoir le revoir avec la nostalgie nécessaire à lui gommer ses interminables longueurs. Ou peut-être est-ce tout simplement mon côté salopard de compet’ qui n’a pas supporté de voir l’exécrable Bill Murray mettre son sale caractère au rebus, pour devenir le gendre idéal, celui pour lequel on déplume son larfeuille d’une coquette somme uniquement pour un dîner aux chandelles, une chance de remporter le gros lot. Je crois bien que la comédie romantique qui se finit dans le miel, ce n’est définitivement pas pour moi, si je me fie à la répute de tombeur redoutable que se traîne cette marmotte bien mièvre aux yeux de chat botté.
Certes son petit postulat de départ qui consiste à faire revivre à un Bill Murray croustillant la même journée à l’infini, pour exploiter ses rêves et craintes les plus profondes jusqu’à la lie, est génial d’inventivité. Ce réveil symbolique, rembobinant la journée à venir au moyen d’un petit jingle radiophonique, c’est tordant, vraiment. Et pendant une bonne heure, Harold Ramis exploite cette belle idée avec beaucoup de panache.
Mais dès que Bilou se décide à gommer les aspérités qui font de son personnage l’enfoiré que personne ne peut supporter, qu’il endosse le costume de Mister perfect 1993 en devenant un érudit féru de poésie, altruiste émérite, pianiste magnétique et sculpteur givré de grand talent, la coupe finit par déborder : il manque une petite once de nuance à ce portrait bien trop romancée de l’amour soit disant véritable, qui prend les traits d’une journaliste qu’il faut séduire quoi qu’il en coûte, quitte à devenir une statue de bonté, en suivant point par point les recommandations avisées que Mme Nadine de Rothschild énonce dans son guide référence au titre subtil : Le bonheur de séduire, l'art de réussir.
En témoigne un dernier quart d’heure qui frôle l’overdose tant il se permet de trucider toutes les belles idées qui découlaient d’un traitement très réaliste de cette idée formidable qu’est la journée infinie. Si pendant une bonne heure on ressent très bien la problématique d’efforts rendus vain par une réinitialisation de toutes les personnes ayant interagi avec le personnage victime, la dernière séquence semble s’en ficher éperdument, puisque l’enfoiré repenti finit sa journée en star locale, rejeton d’une grande famille que tout le monde a le temps d’idolâtrer en à peine une journée de bravoures en tout genre en mode super-héro honorable.
En bref, Un jour sans fin est un film amusant, porté avec brio par l’un des seuls acteurs qui pouvaient relever ce challenge délicat de répéter les mêmes scènes en variant les sentiments, qui repose par une idée peu banale qui provoque immédiatement l’intérêt. Malheureusement, sur la distance, son traitement se mue en roman Arlequin, la comédie prend alors l’apparence d’un portrait romantico-moralisateur mou du genou qui n’échappe malheureusement pas à la fin mièvre de circonstance. Celle que toute la première partie, pourtant, n’annonçait d’aucune façon.
Rude déception. Je m'excuse d'avance auprès de son fan-club, m'en voulez pas trop, de toute façon, les comédies romantiques optimistes, c'est pas trop ma tasse de Nesquick.