Un run sans fin pour un film sans fautes
J'ai revu pour une 3eme ou 4eme fois un Jour sans Fin hier soir.
Et purée, j'en ai bouffé depuis des histoires de boucles temporelles, j'ai même joué à des jeux se passant dans des boucles temporelles, j'ai moi-même fait une vidéo sur les boucles temporelles et des gags sur le "I got you babe", mais à le revoir.... j'adore toujours ce film comme lors de sa première diffusion.
Si, une chose qui m'a marqué c'est à quel point le film mets du temps à démarrer et à quel point l'image et la réalisation a un peu vieillie, ce qui lui donne maintenant un aspect "téléfilm." Mais après vingt minutes de mises en place un tantinet longuette (avec une VF qui doit être légèrement aux fraises sur les jeux de mots, seule explication plausible de la raison pour laquelle les personnages rient à des trucs pas drôles...) la première boucle du "jour de la marmotte" commence à arriver et le délire est enclenché jusqu'à la fin.
Harold Ramis va, avec ce film, continuer de contribuer à un genre qui avait débuté ors de la fin des années 80 avec "Ghostbuster", "Gremlins" et "Retour vers le futur" : la comédie grand public sauce SF. Ici, sur une histoire assez classique de "type cynique qui découvre que le véritable amour demande des efforts" et de "citadin qui découvre le charme des villes de provinces" il greffe le matériel de la boucle temporelle. Le film aborde des thèmes un peu plus matures et aborde des thématiques de trentenaire : ai-je choisis la bonne carrière, ma vie me plaît-elle, aurais-je le temps de faire tout ce que je veux faire ? (Et qu'est ce que je veux laisser comme image de moi ?)
Du prémisse fantastique du "jour qui se répète en boucle" Ramis réussit tordre son sujet dans tous les sens possibles. Passé la phase de compréhension, Phil va essayer tout ce qui est faisable dans cette situation de redondance : enfreindre les lois (Ramis se refusera à ce qu'il tue des gens, toutefois...) titiller les gens, tenter de se suicider, casser des trucs, apprendre des trucs, puis aider les gens. Ramis construit de façon très méthodique sa problématique en suivant les traditionnelles 5 étapes du deuil : Déni (c'est juste un choc traumatique, une impression de "déjà vu") Colère ("je vais tout casser et détruire les boites aux lettres sur mon passage") Marchandage (les différentes tentatives pour voir les limites de son pouvoir) Dépression (les tentatives de suicides, la soirée avec Rita commençant par "je suis un dieu" et les tentatives pour réanimer le vieil homme) pour terminer sur l'acceptation finale (l'envie de s'améliorer lui même, puis de tenter de créer une journée parfaite où il résout tout les problèmes des citadins.)
Depuis la tête d'un spectateur des années 2010, impossible de ne pas penser aux jeux vidéos ("Zelda Majora's Mask" en tête) lorsque l'on voit Phil s'amuser de la boucle en tentant de faire ce qui n'est qu'un "run parfait" sur une partie de jeux vidéos extrêmement compliquée. Pour le coup, je passe mon temps à me demander ce que Phil fera après avoir passé l'équivalent d'une 40aine d'année (selon les calculs des geeks) dans la boucle et de m'imaginer que cela sera un peu déprimant (rien que ce problème là : il connaît la vie de milliers de personnes pour lesquelles il n'est que "le gars qu'ils ont croisés hier"...)
Ramis recherchera à rempiler sur le filon de la "comédie romantique avec un sujet de SF" avec les oubliables "ma femme, mes clones et moi" et "endiablé" mais je pense que ce film va surtout inspirer un grand lot d'épisodes copycat dans les séries télés au même titre que "9 hommes en colère" (qui s'est vu décliné partout...) et de mécaniques de jeux vidéos. Elle inspirera aussi l'envie d'infuser des thématiques de fantastiques ou de SF dans d'autres schémas connus considérant que le public est mûr pour ce genre de chose. Sans "Un jour sans Fin" pas de "Truman Show" pas d'"Effet Papillon" pas d'"Eternal Sunshine of the Spotless Mind" etc...
J'ai TELLEMENT de choses à dire sur ce film que je n'ai même pas mentionné que Bill Murray était excellent en rôle de "connard au coeur d'or" (rôle qui va un peu lui coller à la peau par la suite) et Andy McDowell est superbe dans sa période glorieuse de "femme adorable mais un peu hors-norme." Le reste du casting est finalement assez peu exploité. C'est d'ailleurs l'un de mes regrets lors des visionnages, ce côté un peu "carton pâte" des provinciaux rencontré par Phil, un artifice nécessaire pour permettre de concentrer l'action autour de l'anti-héros.
Bref, pour moi, ceci est un classique et tout le monde doit l'avoir vu.
PS : J'ai accepté de voir ce film en V.F. parce que je l'ai déjà vu plein de fois à la télé... ceci dit, il va falloir que je le vois en V.O. un de ces jours : d'une part parce que certains gags ont l'air d'avoir été massacrés par la traduction, d'autres part parce que Bill Murray semble y parler en français (et non en italien) avec un accent parfait... il y cite même du Jacques Brel !
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