Désir de mort
Après le viol de sa fille, devenue catatonique, et le meurtre de sa femme, un architecte, qui jusque là était plutôt bienveillant, devient violent et décide de nettoyer New York de sa pourriture...
Par
le 19 avr. 2014
34 j'aime
5
Depuis longtemps, je voulais revoir ce film qui m'avait tant marqué alors que j'étais ado en 1974, je n'avais dû le revoir qu'une fois en VHS et une autre fois lors d'une diffusion télé dans les années 80. Je m'en souviens comme si c'était hier, j'avais 15 ans, et c'était le premier film que j'allais voir en salles avec un copain, sans les parents ; nous étions des fans de Charles Bronson, à cette époque c'était une très grosse vedette populaire, on guettait chacun de ses films, on a donc vu ainsi le Flingueur, Mister Majestyk, L'évadé, Monsieur Saint-Ives, le Bison blanc etc...
J'ai donc revu hier soir Un justicier dans la ville qui m'a rappelé bien des souvenirs, ce film m'avait fortement impressionné (à 15 ans, on est plus émotif qu'à 30 ans), non pas par sa mise en scène qui reste cependant très efficace et qui va droit au but, mais plus par son sujet qui posait le problème de l'autodéfense, de l'insécurité des grandes villes américaines, des agressions sauvages et parfois meurtrières. En taquinant l'instinct de vengeance du personnage de Paul Kersey, brave architecte et objecteur de conscience incarné par Bronson, et devant l'impuissance d'une police à protéger le citoyen, le film prenait le risque de susciter l'envie de faire comme Kersey, de descendre dans les rues mal famées le soir et de passer la serpillère à voyous, et surtout de faire déferler cette envie telle une immense vague. Heureusement, ça n'a pas été le cas, le film a cependant ouvert les yeux des autorités et des maires sur la sécurité des villes et sur le renforcement des effectifs de police, le besoin de faire plus de rondes et de contrôles etc...
N'empêche que Charles Bronson ne savait pas où il mettait les pieds lorsqu'il accepta ce rôle de Paul Kersey, car à force d'enchainer des films similaires, il sera catalogué comme l'exterminateur d'une faune de loubards, truands, psychopathes et autres parasites de la société. Grâce à Un justicier dans la ville, il est devenu le héros de l'Amérique profonde, mais le rôle fut aussi lourd à porter. Le message tenait aussi d'une certaine incitation au meutre, son manichéisme obligeant le spectateur à prendre le personnage de Kersey en sympathie, coupait court à toute analyse, mais là n'est pas le propos principal, je crois que le but était de montrer avant tout l'insécurité grandissante des villes. D'un autre côté, comment jeter la pierre à cette autojustice quand on sait que l'Amérique des pionniers a été bâtie sur le port d'armes autorisé au Far West, et ça explique pourquoi les armes sont toujours en vente libre dans ce pays. On peut dire que ce film est une sorte de western urbain qui reprend les codes des vieux westerns d'autrefois.
On oublie souvent que ce film est adapté du roman "Death Wish" de Brian Garfield, il en reprend le titre original, et son remake en 2018 avec Bruce Willis en fera de même. Un justicier dans la ville reste surtout comme étant l'archétype du vigilante movie, le premier d'une longue série de films sur l'autojustice et sur des dessoudeurs de voyous ; étrangement, la vogue de ces films ne suivra pas immédiatement son modèle, elle ne surviendra qu'au début des années 80, d'abord avec la suite directe, Un justicier dans la ville n°2 (qui sera une resucée assez fade), puis par une série de films comme Philadelphia Security, Vigilante et Exterminator : le droit de tuer qui poseront le problème avec une surcharge de violence, viendront ensuite la Nuit des juges qui tentera une analyse plus profonde, et le Justicier de New York où Bronson reprendra son rôle de Kersey pour la troisième fois, dans une surenchère incroyable et si explosive que ça en deviendra même amusant.
Ici, Michael Winner ne s'encombre pas de fioritures et enchaine les scènes pour entrer directement dans le vif du sujet : la femme et la fille de Kersey sont sauvagement agressées chez elles, la femme est tuée, la fille est traumatisée et finit comme un légume dans un hospice ; l'agression est déja d'une rare violence pour l'époque, son réalisme très cru choque et surprend (on y reconnait parmi les voyous un tout jeune Jeff Goldblum avec une sale tête), c'est ce qui décidera Kersey de purger à sa manière la ville de New York, et légitimera sa vengeance. L'épisode en Arizona, quelques petites scènes intimistes ou légères permettent juste d'apporter une humanité au personnage, ça suffit pour suivre ensuite ses exécutions. La musique au ton soul de Herbie Hancock accompagne tout ça de façon discrète, mais on la remarque, Bronson donne à son héros une image de mec paisible, d'où le contraste très marqué avec la partie vengeance. Winner connaissait bien sa vedette, il l'avait déja dirigée dans les Collines de la terreur, le Cercle noir et le Flingueur, il sait donc en tirer tous les aspects souhaités pour ce personnage emblématique de la pop culture. Il faut y voir enfin un excellent polar d'action, remarquablement réalisé, tout en apportant une réflexion sur un problème grave.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes les Meilleurs films policiers (partie 2), Les plus belles affiches de films, Les meilleurs films des années 1970, Les meilleurs films avec Charles Bronson et Héros du grand écran
Créée
le 6 nov. 2021
Critique lue 805 fois
42 j'aime
22 commentaires
D'autres avis sur Un justicier dans la ville
Après le viol de sa fille, devenue catatonique, et le meurtre de sa femme, un architecte, qui jusque là était plutôt bienveillant, devient violent et décide de nettoyer New York de sa pourriture...
Par
le 19 avr. 2014
34 j'aime
5
New-York, années 70, la ville est vérolée par la criminalité. Paul Kersey ( Karol Dionizy Buczynski alias Charles Bronson) est un architecte friqué, logé auprès de Madame dans un quartier huppé de la...
Par
le 24 juin 2013
22 j'aime
13
Drôle de film quand même que ce pavé dans la mare jeté au beau milieu des années 70. À la fois pamphlet rentre-dedans pour dénoncer une société gangrénée par la violence, peinture acerbe d’une ville...
le 20 nov. 2021
19 j'aime
5
Du même critique
Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...
Par
le 6 avr. 2018
123 j'aime
98
Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...
Par
le 10 juin 2016
98 j'aime
59
On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...
Par
le 5 déc. 2016
96 j'aime
45