Un drame plutôt intéressant et ambitieux avec une réelle volonté psychologique pour dépeindre ce jeune lâche, un anti-héros toujours peu courant dans un cinéma plus volontiers dans la glorification de la bravoure et la vaillance. L'écriture a la qualité de ne pas trop appuyer sur les stéréotypes et de chercher à ne pas nous prendre en pitié ou à condamner les différents comportement. L'approche est assez humaine, ramenée à hauteur de la famille plutôt qu'à un conflit national. On comprend ainsi les différentes motivations du père, du fils et de la mère vu les situations sans jamais ressentir du mépris derrière la caméra pour l'un ou pour l'autre.
Une fois tous les éléments mis en place pour le dernier acte, la narration se fait alors plus prévisible. On perd en analyse de caractère ce qu'on gagne en efficacité où l'on retrouve un morceau de bravoure rondement mené avec une longue course-poursuite (au début un jeu de cache-cache dans la demeure familiale puis à cheval) avant des réconciliations mélodramatiques qui passent là aussi par une péripétie qu'on devine immédiatement.
Dès que le père prend la place du fils comme garde lors des rondes nocturnes, on sait qu'il va tirer sur son fils lors d'un sursaut de courage.
L'émotion du final est aussi amenuisé par le jeu de Frank Keenan (le père) qui abuse des grimaces haineuses et des roulements de bras.
L'autre défaut qui date inévitablement le film est forcément les comédiens blackfaces qui jouent les serviteurs de la famille.
Si on fait abstraction de ces problèmes pas rédhibitoires non plus pour une œuvre centenaire, Le lâche est une très bonne surprise pour son parti pris scénaristique, l'intensité de nombreuses séquences, une très belle photographie et un soin remarquable de la réalisation qui cisèle la profondeur de champ avec pas mal de maturité. L'ouverture est à ce titre formidable avec l'effervescence de la ville se jouant sur plusieurs strates.