Difficile de dire pourquoi cette réalisation honnête manque son but, au final. Passer du temps avec les personnages de Fred Vargas est toujours en soi une expérience plutôt agréable. Et ceux du film ne sont pas pénibles à fréquenter, même s'ils ne sont souvent que de pâles incarnations des êtres de papier qui leur donnent leur nom. Les acteurs ne déméritent pas, Jean-Claude Carrière est aux dialogues, ça devrait être une garantie suffisante pour passer un bon moment. Et, malgré tout, il faut avouer que je suis restée un peu sur le bord de la route de cette histoire vaguement horrifique, où les cadavres sont hachés si menu qu'on en retrouve des traces sur 42 m². La petite escapade un peu burlesque dans les Carpates fait un peu chou blanc (à cause de la fanfare à la Kusturica qui va et vient d'un bord du cadre à l'autre, dans une boue épaisse?) et on voit arriver l'assassin à des kilomètres avec ses manières mielleuse et sa froideur inquiétante. Non, en fait, ce qui m'a perdue, à vrai dire, c'est la trame familiale dans laquelle Adamsberg se prend les pieds. Hautement invraisemblable et plutôt démotivante pour une spectatrice que les liens du sang ennuient à mourir. C'est ce qui m'exaspère le plus dans les films américain, ce piédestal sur lequel on perche systématiquement la figure du Père, source à mon sens d'un bon nombre de déconvenues millénaires dans notre monde. Alors voir Adamsberg aux prises avec des paternités même peu conventionnelles, ça m'a un peu sortie de l'intrigue. En rajoutant à ça une histoire de vampires, ça avait de quoi m'éloigner de façon encore plus radicale. Donc, sans avoir rien de grave à reprocher à ce film-là, je n'ai pas passé un moment délectable. Malgré les petits chiens et les chatons à foison.