Il est beau, jeune, avec un charme fou, et de bonne famille. L'homme idéal. Elle est belle, aventurière, un tempérament de feu, et elle sait tenir un volant. La femme idéale. Une course gagnée, un regard croisé, et ni une ni deux John tombe follement amoureux de Larita, l'épouse, et la ramène en Angleterre pour la présenter à ses parents. Une étape que tout le monde craint, à juste titre concernant Larita : si le père semble sous le charme derrière le masque de l'aigreur mélancolique, la mère, une anglaise autoritaire tout ce qu'il y a de plus détestable, ne cache pas son aversion pour la jeune femme. S'en suit une guerre de piques vâchardes et de coups bas viscieux dont le vainqueur ressortira avec le gros lot : John.
Les choix musicaux donnent tout de suite le ton : exit la gentille bluette sage et solidement attachée à suivre les conventions d'un genre qui se veut par essence attendu au tournant quand il s'agit de reconstitution historique et d'histoire d'amour romanesque. Stephan Elliott n'a pas repris sa caméra dix ans après l'avoir laissé pour faire comme tout le monde. Il ne serait pas le réalisateur de Priscilla, folle du désert, sinon. Un mariage de rêve, c'est un tango permanent, un protocole cinématographique dynamité pour mieux le dynamiser à mille lieues du marasme accablant les comédies françaises. La touche so british, avec cette pincée d'humour noir et de dialogues aussi percutants qu'incisifs, n'est pas étrangère à cette réussite. Et si l'on aurait aimé la guerre plus dévastatrice entre les deux femmes, si la révélation du passé de Larita, incarnée par une Jessica Biel épousant à merveille son rôle (après tout, elle est la seule américaine de l'équipe de tournage) et ses robes (n'en déplaise aux messieurs), ne fait pas suffisamment mouche bien que cela ait le mérite d'emmener le script quelque part, il n'en demeure pas moins que cette adaptation d'une pièce de Noël Coward séduit par son audace et sa verve acerbe.